« Les Troyens, c’est des bolosses » : l'Odyssée d'Ulysse revisitée pour les enfants
Poséidon, Hermès, Zeus, Circé, Pénélope et Télémaque... Vous voulez que vos enfants révisent la mythologie grecque ? La rendre accessible et amusante pour un jeune public - à partir de 8 ans selon nous -, près de trois millénaires après sa création, c’est le pari du tandem Ely Grimaldi et d’Igor de Chaillé, déjà à l'origine des Mystérieuses Cités d'Or et du Livre de la jungle.
Après avoir triomphé lors de la guerre de Troie grâce à son ingénieux cheval, Ulysse va mettre dix ans à rentrer sur son île d'Ithaque. Mis en scène par Guillaume Bouchède, habitué des spectacles familiaux (Pinocchio, Denver) et lauréat en 2024 du Molière dans un second rôle, L'Odyssée musicale d'Ulysse démarre par un rap à la gloire d'Ulysse, le plus divin des mortels et héros de guerre.
Au cours de son voyage en mer, Ulysse implore Zeus de lui venir en aide. Les Troyens, vaincus par les Grecs, sont moqués par « Hermès, le roi des SMS » : « Les Troyens, c’est des bolosses ». Plus tard, le messager des dieux éprouve « le seum » et s'interroge : « Quoicoubé ? ». Hermès, parfait ado de 2024. Cette adaptation résolument ancrée dans la génération Z ne brille peut-être pas par sa profondeur, mais parvient à susciter l'hilarité du jeune public et a retracé les grandes étapes du périple d’Ulysse. En revanche, les amateurs d'Homère, âgés de plus de 18 ans, pourraient ressentir un certain malaise.
Entre deux tableaux, une voix off contextualise l'histoire en slamant. La fille de Zeus, Athéna, éprouve une attirance pour Ulysse, tandis que Poséidon cherche à le faire périr ; la déesse de la guerre et le dieu des mers s'affrontent dans une bataille musicale. Certaines mélodies et chorégraphies parviennent à casser quelques longueurs. La mise en scène utilise de modestes décors mobiles pour représenter les différentes étapes du voyage : l'antre du Cyclope, l'île de Circé ou encore le passage près des Sirènes.
Ulysse et son équipage de guerriers appréhendent le voyage en mer et la colère des dieux, à juste titre. Poséidon provoque leur naufrage, et Ulysse doit alors combattre son fils, le cyclope Polyphème, représenté par une marionnette monstrueuse dotée d'une bouche et d'un œil. Plus tard, il devra résister au chant envoûtant des sirènes. Lorsqu'il embrasse la redoutable Circé, les enfants lâchent en chœur un grand « beurk ». Pendant ce temps, son épouse Pénélope et son fils l'attendent patiemment à Ithaque. « Où t'es papa ? » entonne Télémaque. Les comédiens s'acquittent de plusieurs rôles tout au long du spectacle, passant d'un dieu à l'autre avec aisance sauf Christophe Mai qui incarne exclusivement Ulysse.
Enfin de retour à Ithaque, face à ses rivaux, Ulysse, déguisé en mendiant, retrouve Télémaque et Pénélope. Il prouve sa légendaire dextérité à l'arc. «Les femmes ont le droit aujourd'hui d'assister à cette scène, explique Athéna. Les rois sont rétrogrades ». En dépit des humeurs divines, Pénélope, Télémaque et Ulysse sortent triomphants. Nous quittons ce spectacle avec une certaine perplexité, mais les enfants, eux, sont ravis.
Au théâtre des Variétés, 7, boulevard Montmartre, 75002 Paris. Les week-ends (certains samedis à 11 heures ou 14 heures et le dimanche à 14 heures) et durant les vacances scolaires jusqu’au 27 avril.