REPORTAGE. Victoire du PSG en Ligue des champions : "Le plus beau jour de ma vie de supporter"... La parade des joueurs a enflammé les Champs-Elysées

Et soudain, les héros sont apparus. Perchés sur les deux bus à impériale aux couleurs du club, les joueurs du PSG et le staff ont percé l’horizon des Champs-Elysées vers 17h20, dimanche 1er juin. Quelques heures après leur premier sacre en Ligue des champions face à l'Inter Milan, les champions d’Europe 2025 pouvaient enfin brandir le plus beau des trophées de football de club dans les rues de leur ville. Une première depuis 2013. 

Car si le PSG a empilé les trophées depuis le début de l’ère QSI en 2011 - la Ligue des champions est le 100e titre du club -, cela faisait douze ans que le club de la capitale n’avait pas paradé dans ses rues, la dernière en 2013 s'étant mal terminée. Une anomalie réparée, sur les Champs-Elysées, dimanche, devant 110 000 personnes. Un luxe, jusqu’ici réservé aux champions du monde 1998 et 2018 mais aussi aux Stéphanois vaincus en finale en 1976, qu'un large dispositif policier a rendu possible.

Sécurité renforcée pour un public familial

En 2018, plus de 300 000 personnes avaient fêté le titre mondial des Bleus. Sept ans plus tard, une jauge à 110 000 personnes réparties dans trois blocs sur le haut de l’avenue des Champs-Elysées a été établie. Six écrans géants et des dizaines de toilettes avaient également été installés, pour faire patienter le public installé sur le côté impair de la plus belle avenue du monde.

Encore fallait-il pouvoir y accéder dans les temps. Alors que la parade devait débuter vers 17 heures, ils étaient déjà des milliers, à 14h30, à attendre l’ouverture des portes. "J’espère qu’on ne va pas se faire gazer", s’interrogeait un père de famille. "Et qu’ils ne vont pas nous confisquer notre drapeau", répondait son fils. Au contraire : les étendards à la gloire du PSG étaient distribués gratuitement. "Tu crois que les ultras seront rentrés de Munich pour la parade ?", lançait un adolescent à sa mère, tandis qu’un policier chambrait les premiers supporters à entrer sur les Champs : "Vous seriez plus beau avec un maillot de l’OM."

Dans la foule, quelques inquiétudes se faisaient entendre, après les incidents de la veille. "Il y a eu deux morts quand même", nous interpellait ainsi une mère de famille. Mais, en ce dimanche après-midi, l’ambiance était bien plus familiale et bon enfant. Venu de Beauvais en famille, Mathieu, 35 ans, était de toute façon serein : "On a amené notre aîné, mais on a laissé les trois petits à la maison, pas par crainte, mais parce qu’on savait qu’on devrait beaucoup marcher."

"On savait que la victoire arriverait surtout après avoir éliminé les clubs anglais. Ça ne pouvait que finir comme ça."

Mathieu, supporter du PSG

à franceinfo: sport

Une fois passées les fouilles, le public parisien s’est vite étalé le long des barrières sur les Champs-Elysées. Chaque place valait chère et, comme souvent, le moindre mobilier urbain s'est transformé en poste d’observation, malgré les rappels à l’ordre du speaker et les interventions des CRS. La longue attente pouvait commencer, rythmée par les rediffusions des images marquantes de la finale sur écrans géants.

"Je supporte le PSG depuis 30 ans, c’est le plus beau jour de ma vie de supporter", savourait Georges, 61 ans, venu des environs de Fontainebleau. "J’ai fui mon domicile parce que mon épouse supporte Marseille. Elle fait la gueule depuis hier, mais on ne va pas divorcer hein !", souriait ce dernier, avant d’ajouter : "Finie la souffrance, finies les vannes des Marseillais qui nous parlent de leur étoile : nous aussi, on en a une maintenant !". À quelques mètres de là, Aliou passait le temps en jonglant avec sa balle de tennis.

Une après-midi festive avant l'"after" au Parc

Composée de personnes de tous âges, qui arboraient des maillots de toutes les époques du PSG, la foule prenait son mal en patience, scrutant les écrans géants et ceux des smartphones pour savoir où en étaient les héros de Munich. "Ils viennent d’atterrir, ils ne vont plus tarder", nous annonçait ainsi Ernestine, 31 ans, venue de l’Essonne pour l’occasion. "J’étais dans le 13e arrondissement hier soir, mais je ne suis pas venue sur les Champs, parce que le soir, ce n’est pas la même ambiance."

"Je suis sur un nuage depuis hier, c’est indescriptible. Je n’y croyais plus, mais ce jour est arrivé, c’est aujourd’hui ! Et ça se passe bien, tant mieux, parce qu’il faut que Paris reste une fête, pas une défaite."

Ernestine

supportrice du PSG

Alors que les enceintes crachaient des tubes d’Eminem, Macklemore, Queen, Magic System ou Gala, l’ambiance montait tout doucement sur les Champs-Elysées. Difficile pour les supporters de les surpasser vocalement avec des chants à la gloire du PSG. Seules les interventions régulières du speaker parvenaient à embraser l’avenue, qui préservait sa voix pour le moment tant attendu. "Tu crois que le bus, ils l’ont depuis la finale de 2020 ?", taquinait Mathieu, alors que les images des joueurs sur les deux bus à impériale sortaient le public de sa torpeur. 

Quelques instants plus tard, les deux véhicules apparaissaient enfin sur les Champs-Elysées. Plus animée depuis quelques minutes, la foule de supporters laissait éclater une fureur soudaine. Des hurlements de joie audibles jusqu’à l’autre bout de la capitale, sans doute, du continent. Peut-être. Perchées sur leur bus, les stars parisiennes paraissaient redescendues sur Terre, à quelques mètres de leurs supporters, le temps d'un instant de grâce fugace. Une fois le bus passé, deux options : le suivre, sur les trottoirs des Champs-Elysées, ou se ruer dans le métro avant qu’il ne déborde. "Allez, on se dépêche", motivait un supporter. "La fête continue ce soir au Parc des Princes."