EN DIRECT - Vote de confiance : François Bayrou devant les députés ce lundi à 15 heures pour sa chute annoncée

François Bayrou, un bref combat au sommet jusqu’au saut dans le vide

Chantre du « dépassement » des clivages, le centriste de 74 ans - premier ministre le plus âgé de la Ve République - voit le projet de sa vie mis en échec. Le 13 décembre, quand il impose sa nomination à Emmanuel Macron, au détriment du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, il lui promet de tout mettre en œuvre pour rassembler autour de lui la droite et la gauche modérée. De faire oublier, en somme, l’expérience de Michel Barnier.

« Je suis venu avec vous pour faire de grandes choses ensemble, pas des petites choses », lance-t-il au chef de l’État. Le président de la République n’a-t-il pas appelé de ses vœux la constitution d’un « gouvernement d’intérêt général », capable de tenir « trente mois », jusqu’à la présidentielle de 2027 ? Les « trente mois » ont été réduits à neuf.

Le RN demande des législatives, LFI la démission de Macron

Tous les regards se tournent déjà vers Emmanuel Macron, de nouveau à la recherche d’un premier ministre. Le troisième depuis qu’aucune majorité ne s’est dégagée à l’Assemblée nationale après la dissolution, il y a plus d’un an. Après le président du Sénat Gérard Larcher vendredi, il recevra lundi la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, d’après son entourage. Ses proches n’excluent pas une prise de parole dans les prochains jours, peut-être dès mardi, évoquant un chef de l’Etat qui, cette fois, veut aller vite.

Le Rassemblement national pousse lui pour une dissolution et de nouvelles législatives anticipées, qu’il dit cette fois pouvoir gagner. Marine Le Pen - qui connaîtra lundi la date de son procès en appel dans l’affaire des assistants d’eurodéputés lui valant une inéligibilité - s’est dite prête à «sacrifier» son mandat de députée pour porter son parti à Matignon.

La France insoumise réclame pour sa part la démission d’Emmanuel Macron ou sa destitution, ses députés devant déposer une motion en ce sens. Le PS, en voulant gouverner sous Macron, ne fait que prendre part à une «grande tambouille», a fustigé son leader Jean-Luc Mélenchon.

L’éditorial d’Yves Thréard : «Cauchemar socialiste»

S’il a échappé à huit motions de censure, François Bayrou devrait perdre son dernier coup de poker. Il est très improbable qu’il obtienne, ce lundi, la confiance des députés. De son passage à Matignon, on retiendra surtout son style, quelque peu déconnecté, et l’impression qu’il donnait souvent de planer au-dessus de la réalité. Sans doute aimerait-il être comparé à son modèle, Pierre Mendès France.

Comme lui, il a certes peu duré dans la fonction, mais, contrairement à son lointain prédécesseur, il lui manque un bilan. S’il a eu raison d’alerter l’opinion sur l’état catastrophique de nos finances publiques, il en est resté au constat. Faute de méthode, il n’a pas su s’attaquer à « l’Himalaya de la dette », selon sa formule. Il a même presque tout fait à l’envers, à contretemps, suscitant encore davantage d’inquiétude. Et maintenant ?

Qui pour remplacer Bayrou ?

Les tractations pour le remplacer sont déjà bien entamées, beaucoup réclamant que le président ne laisse pas s’éterniser un gouvernement gérant les affaires courantes, face à l’impératif du budget 2026. Plusieurs dates plaident aussi pour une vacance courte: les mobilisations «Bloquons tout» le 10 septembre, syndicale le 18, ou encore la décision vendredi de l’agence Fitch qui pourrait dégrader la note de la dette française.

Dans la course au successeur, le PS s’est placé au centre du jeu, Olivier Faure se déclarant «prêt» pour Matignon. Mais si Emmanuel Macron a demandé aux chefs du camp gouvernemental de «travailler» avec les socialistes, peu dans son entourage pensent qu’il nommera le premier secrétaire du Parti socialiste, qui rejette l’idée d’un gouvernement «commun» avec des macronistes. Et le patron des Républicains Bruno Retailleau, qui plaide pour l’élaboration d’un «accord de gouvernement» avec le prochain locataire de Matignon, a prévenu: «hors de question» d’accepter un premier ministre socialiste.

Plus probable donc: la négociation d’un accord de non-censure par une personnalité de droite ou du centre. «Il faut de la stabilité. Et le plus stable, c’est le socle commun qui dialogue avec les socialistes», estime un proche du président. Selon lui, il est possible qu’Emmanuel Macron nomme d’abord un Premier ministre qui négocierait sur un contrat de gouvernement avant de procéder aux nominations de ses ministres.

Plusieurs noms circulent pour Matignon : les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand, l’ancien chef de la diplomatie et ex-socialiste Jean-Yves Le Drian.

François Bayrou une dernière fois devant les députés à 15 heures pour sa chute annoncée

Sauf coup de théâtre, François Bayrou va devenir le premier chef de gouvernement de la Ve République à tomber sur un vote de confiance. Un scénario qu’il a lui même provoqué et qui ouvre une nouvelle période d’incertitudes, au moins jusqu’à la nomination de son successeur. Après moins de neuf mois à Matignon, lundi à 15 heures, François Bayrou montera à la tribune de l’Assemblée pour engager la responsabilité de son gouvernement. Les chefs de files des groupes parlementaires lui répondront, avant le vote attendu dans la soirée.

François Bayrou. Thibaud MORITZ / REUTERS

La sentence est déjà connue: face aux vetos annoncés de la gauche et de l’extrême droite, le centriste sait que la fin de son bail est imminente. Dans cet esprit, il a convié ses ministres à «un moment convivial» à Matignon dans la soirée, d’après son entourage. Il travaille «depuis plusieurs jours» sur son discours, ajoute-t-on. Comme durant ses multiples interviews, il devrait marteler la lourde «menace» que le «surendettement» fait peser sur le pays et qui justifie, à ses yeux, un effort budgétaire de 44 milliards d’euros pour 2026.

Son pari très risqué s’est presque immédiatement révélé perdu. Le maire de Pau a refusé de faire des concessions, provoquant sa chute avant même l’examen du budget, exercice sur lequel son prédécesseur Michel Barnier (LR) s’était déjà cassé les dents. Son bail à Matignon a été marqué par l’affaire Bétharram, un conclave raté sur les retraites, et peu de projets de loi marquants. Lui assure n’avoir «aucun regret».

Bienvenue sur ce direct

Bonjour à tous, c’est le jour fatidique pour François Bayrou, qui va requérir la confiance des députés à l’Assemblée nationale. Suivez avec nous cette journée historique.

Les publications apparaîtront ici