Manifestations en Turquie : est-il risqué d’y voyager actuellement ?
Alors que la Turquie a enregistré un record de fréquentation touristique avec 62 millions de visiteurs accueillis en 2024, la crise politique qui la secoue depuis quelques jours risque bien de faire fuir les touristes. L’arrestation le 19 mars du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoğlu, principal opposant au président actuel Recep Tayyip Erdoğan, entraîne depuis plusieurs jours d’importants rassemblements dans les principales villes du pays. Plus d’un millier d’interpellations ont eu lieu malgré l’interdiction de manifester qui court jusqu’au 27 mars.
Faut-il pour autant annuler son séjour en Turquie ? Plusieurs pays, dont la France, ont émis un avis à l’attention des touristes qui s’y trouvent ou s’y rendent prochainement. «Des manifestations sont annoncées dans les prochains jours dans plusieurs villes de Turquie. Il est recommandé aux Français résidant ou de passage en Turquie de faire preuve de prudence, et de rester à l’écart de tout rassemblement ou manifestation», met en garde France Diplomatie, le site du ministère français des Affaires étrangères.
À Istanbul, des rues bloquées et des stations de métro fermées
Même en évitant les manifestations, les touristes risquent de voir leur séjour perturbé dans les principales villes du pays. «À Istanbul, les forces de sécurité ont établi des points de contrôle et fermé plusieurs stations de métro, notamment autour des points chauds des manifestations», indique le journal en ligne Türkiye Today . Les stations Taksim de la ligne M2 et du funiculaire et la station Emniyet-Fatih de la ligne M1 ont toutefois rouvert ce lundi 24 mars après cinq jours de fermeture, selon l’opérateur Metro Istanbul.
Des contrôles routiers sont également effectués à l’entrée d’Istanbul pour empêcher les manifestants de rejoindre les lieux de protestation. La place Taksim ainsi que plusieurs rues menant à l’avenue Vatan, où se trouve le commissariat de police d’Istanbul, sont interdites d’accès. Les touristes ayant réservé un hébergement dans ces zones ou plus largement dans les quartiers de Sarachane et Fatih peuvent ainsi rencontrer des difficultés pour s’y rendre. Ces restrictions n’ont pour l’heure presque aucune incidence sur l’accès aux principales attractions touristiques, comme la tour Galata, le palais de Topkapi ou la basilique Sainte-Sophie...
«S’abstenir de prendre position sur des sujets politiques»
Ailleurs en Turquie, les rassemblements ont lieu principalement dans la capitale Ankara ainsi qu’à Izmir, troisième ville la plus peuplée de Turquie. Des filtrages ont lieu dans les transports en commun, bien qu’ils continuent de fonctionner normalement. En dehors de ces villes, sur le littoral ou dans des régions reculées comme la Cappadoce, aucune manifestation n’a été recensée depuis le début de la crise politique le 19 mars.
Le ministère français des Affaires étrangères recommande aux touristes de s’abstenir d’aborder les sujets politiques pendant leur séjour. «Les prises de position sur des sujets de nature politique, en particulier sur les réseaux sociaux (partages compris) en Turquie, peuvent donner lieu à des mesures d’interdiction d’entrée ou de sortie du territoire turc et dans certains cas à des procédures pénales. Une loi sur la désinformation a été adoptée en octobre 2022 et a contribué à renforcer le contrôle des réseaux sociaux.»
Plusieurs régions turques restent déconseillées aux touristes, non pas à cause des manifestations de ces derniers jours, mais en raison des risques terroristes. Il s’agit des zones frontalières avec l’Irak et la Syrie, située au sud-est.
EN VIDÉO - En Turquie, une marée humaine contre l’arrestation du maire d’Istanbul, principal opposant d’Erdogan