Tennis : pourquoi le syndicat de joueurs créé par Novak Djokovic attaque en justice des instances du tennis mondiales

L'heure de la rébellion a sonné chez les joueurs de tennis. Une vingtaine d'entre eux et l'Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA) – syndicat de joueurs co-créé par l'ancien numéro 1 mondial Novak Djokovic et le Canadien Vasek Pospisil – ont intenté, mardi 18 mars, une série d'actions en justice visant plusieurs instances de gouvernance du sport. Ils accusent ces dernières de promouvoir un "système corrompu, illégal et abusif", selon les termes du communiqué de presse [en anglais] du syndicat.

Qui est attaqué en justice ?

Plusieurs instances sportives mondiales font l'objet d'une série d'actions en justice aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans l'Union européenne. Sont visées : l'ATP et la WTA, qui régissent respectivement les circuits masculin et féminin, ainsi que la Fédération internationale de tennis (ITF) et l'Agence internationale pour l'intégrité du tennis (Itia), qui gère notamment l'antidopage.

Qui mène ces actions ?

Une vingtaine de joueurs ainsi que l'Association des joueurs de tennis professionnels se sont associés pour intenter plusieurs actions en justice. L'Australien Nick Kyrgios, la Française Varvara Gracheva ou l'Américain Reilly Opelka ont, par exemple, rejoint la procédure intentée par la PTPA aux Etats-Unis. De leur côté, le Français Corentin Moutet et le Japonais Taro Daniel se sont joints à l'action lancée au Royaume-Uni.

Que reprochent les joueurs ?

"Le tennis est cassé", résume le directeur exécutif de la PTPA Ahmad Nassar. "Les joueurs sont piégés dans un système injuste qui exploite leur talent, supprime leurs revenus et met en danger leur santé et leur sécurité. Nous avons épuisé toutes les options pour réformer par le dialogue", poursuit-il. Dans le détail, les plaignants dénoncent "un calendrier insoutenable", avec des tournois programmés onze mois sur douze, et un "mépris envers les joueurs", contraints de "subir des matchs qui s'achèvent à 3 heures du matin". Les athlètes déplorent également devoir "jouer avec des balles différentes d'une semaine à l'autre", ce qui occasionne des blessures chroniques "au poignet, au coude et à l'épaule".

Sur le volet de l'antidopage, les plaignants reprochent d'être "soumis (...) à des contrôles antidopage aléatoires au beau milieu de la nuit et à des interrogatoires" sans avocat pour les défendre. Alors que certains joueurs ont dénoncé l'indulgence de l'Itia dans les affaires de dopage visant Jannik Sinner et Iga Swiatek, l'instance est accusée d'avoir "suspendu des joueurs sur base de preuves légères ou fabriquées de toutes pièces".

Les plaignants accusent enfin les instances de gouvernance de les "exploiter financièrement", alors même que les mieux classés d'entre eux perçoivent des millions d'euros chaque année. Ils pointent par exemple "la limitation sans fondement du nombre de sponsors" dont un joueur peut bénéficier. Citée dans le communiqué, la Roumaine Sorana Cirstea (101e au classement WTA) juge que "les conditions actuelles – calendrier exigeant, incertitude financière, soutien inapproprié – sont insoutenables. Les joueurs actuels et les prochaines générations méritent mieux. Nous n'abandonnerons pas avant qu'un réel changement advienne !", conclut-elle.