Pays-Bas : Geert Wilders claque la porte de la coalition et provoque des législatives anticipées
Geert Wilders acte qu’il n’est pas un partenaire fiable. Ce 3 juin, le dirigeant d’extrême droite néerlandais a fait exploser la coalition de droite si difficilement construite. Au terme de seulement 336 jours au pouvoir, le Parti pour la liberté (PVV) a ainsi claqué la porte et laissé ses alliés du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, libéral), du Nouveau Contrat social (NSC, centriste) et du Mouvement agriculteur-citoyen (BBB, populiste) au milieu du gué.
Au regard des traités internationaux dont les Pays-Bas sont signataires, ses partenaires ont refusé d’appuyer sa loi d’urgence radicale sur l’asile et la migration, qui prévoyait une militarisation des frontières, la fermeture complète de ces dernières, le gel de l’asile, du regroupement familial et l’expulsion des exilés syriens notamment.
Geert Wilders fait cavalier seul
La dirigeante libérale du VVD, Dilan Yesilgöz, a lourdement contribué à la droitisation du paysage politique et fut l’une des premières à tirer les leçons de l’échec de la précédente coalition avec le centre gauche sur l’enjeu du droit d’asile. Elle affirme ainsi qu’un compromis aurait pu être atteint en aménageant le texte et qualifie de « super-irresponsable » le départ de Geert Wilders : « Il a déclaré que nous étions confrontés à d’énormes défis internationaux, que nous avions une guerre sur notre continent et qu’une crise économique pourrait nous frapper. »
Sur le plan intérieur, Dilan Yesilgöz craint le retour des sociaux-démocrates à l’issue des élections anticipées qui se tiendront à l’automne : « Nous avions une majorité de droite et il laisse tout tomber, pour son ego. Il n’en fait qu’à sa tête… Il nous fait passer pour des imbéciles. Il s’enfuit à un moment d’incertitude sans précédent. »
Geert Wilders, qui avait enregistré en novembre 2023 le meilleur score d’un parti d’extrême droite à une élection depuis 1945 en obtenant 37 sièges sur 150 au Parlement, ambitionne désormais de devenir le prochain premier ministre. Mais la réticence de ses partenaires complique la formation d’une coalition sous sa houlette dans un paysage politique éclaté. L’image d’un partenaire non seulement encombrant mais instable colle à l’homme d’extrême droite.
« Vous savez que si vous travaillez avec Wilders dans une coalition, cela ne se passera pas bien », confirme Rob Jetten, le chef du parti libéral d’opposition D66. Le dirigeant nationaliste avait déjà provoqué la chute du premier gouvernement minoritaire de Mark Rutte en 2012. La dirigeante du BBB, Caroline Van Der Plas, s’est emportée contre ce jeu en solitaire de Geert Wilders : « Il ne fait pas passer les Pays-Bas en premier, il fait passer Geert Wilders en premier. »
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