Elle craint, qu'un jour, des soldats frappent à sa porte pour lui annoncer la terrible nouvelle. Deux ans après le massacre du 7 octobre 2023, où plus de 1 200 Israéliens ont été tués, 251 personnes ont été prises en otage dans la pire attaque subie par Israël sur son territoire. Parmi ces otages, 48 sont encore en captivité, dont une vingtaine sont présumés vivants. Franceinfo a rencontré leurs proches et notamment, Vicky Cohen, la mère d'un de ces derniers otages vivants à Gaza.
Ce jour-là, Vicky Cohen triture un des Rubik's Cube que son fils adorait manipuler : "Le Rubik's Cube, il avait l'habitude d'y jouer. Je l'ai aussi sur mon t-shirt. C'était son hobby", se souvient-elle.
Le même jouet, carbonisé, a été retrouvé dans le char de Nimrod, quelques jours, après le massacre du 7 octobre. Le jeune soldat, 19 ans à l'époque, est le seul survivant de son équipage."On espère et on prie pour que notre Premier ministre arrête la guerre, accepte et signe un accord qui pourra permettre de libérer Nimrod et les autres otages toujours là-bas depuis maintenant deux ans."
"J'étais en colère, frustrée, bouleversée"
Comme la vingtaine de familles israéliennes qui espèrent le retour de leurs proches vivants, Vicky craint qu'un jour, des soldats frappent à sa porte pour lui annoncer la terrible nouvelle. Aujourd'hui, ses seuls liens avec les autorités, ce sont ces messages, froids, lapidaires, régulièrement reçus sur WhatsApp : "Ce sont des messages envoyés à toutes les familles, ce n'est pas personnel. Le dernier est arrivé quand notre Premier ministre a décidé d'attaquer les leaders du Hamas à Doha. Il disait que le Premier ministre avait pris cette décision parce qu'ils refusaient de valider un accord. Nous n'y avons évidemment pas cru. J'étais en colère, frustrée, bouleversée, un mélange de sentiments."
"Mon fils est un soldat. Il a été envoyé à la frontière de Gaza par le gouvernement. Il n'a pas décidé d'aller là-bas pour s'amuser."
Vicky Cohenà franceinfo
"Il protégeait la frontière et les habitants qui vivaient dans les kibboutz à côté. La priorité numéro 1 du gouvernement, ça devrait être de le ramener à la maison. Et la seule solution, c'est un accord", conclut Vicky Cohen.
Les négociations de Charm el-Cheikh sont en cours, et évidemment, Vicky Cohen en attend beaucoup. En espérant dit-elle, qu'enfin Benyamin Netanyahou et ses ministres, écoutent l'opinion publique et libère les otages, quoi qu'il en coûte.
"Ils se sont servis des otages pour poursuivre la guerre"
"Ils se sont servis des otages pour poursuivre la guerre." Lui, s'appelle Boaz Zalmanovich, et comme plus de 25 autres familles, il attend de pouvoir récupérer le corps de son père, Arieh, 86 ans, mort en captivité. "Pour mon frère et pour moi, il n'est plus là. Nous avons fait notre deuil mais il n'y a pas de tombe. En quelque sorte, nous n'avons pas fermé ce chapitre. Mon père doit revenir à la terre qu'il a cultivée pendant 60 ou 65 ans", dit-il.
Boaz Zalmanovich surveille lui aussi évidemment de très près les négociations mais quelle qu'en soit l'issue, il considère que le mal est déjà fait.
"La question des otages a profondément divisé la société israélienne. Ca provoque une fracture morale. Ca chamboule nos valeurs."
Boaz Zalmanovichà franceinfo
"Pour moi, c'est bien plus dangereux que le Hamas. L'État d'Israël a été créé pour défendre ses habitants qu'ils soient juifs ou non. Et là, l'Etat est défaillant. Ce n'est pas comme une guerre ou une attaque terroriste. Des otages sont encore vivants. Et ça fait deux ans que nous n'arrivons pas à les ramener à la maison."
Le père de Boaz Zalmanovich appartenait à un des kibboutz les plus touchés le 7 octobre 2023 : 76 habitants ont été enlevés à Nir Hoz, cinq sont toujours à Gaza, dont trois seraient encore vivants.