Tour de France 2025 : du biathlon au vélo, l'Allemand Florian Lipowitz impressionne et devient le troisième homme dans la lutte du classement général
Il est encore un quasi-inconnu aux yeux du grand public, et son nom était à peine scandé par la foule à Pau, qui ne le reconnaissait pas encore, samedi 19 juillet matin lors du podium signature. Peut-être qu’en portant le maillot blanc de meilleur jeune à l’issue de la 14e étape, après l’abandon de Remco Evenepoel, l’Allemand Florian Lipowitz attirera davantage l’attention du public. Troisième du classement général, il vient en tout cas confirmer ses bons résultats de Paris-Nice (2e) et du Dauphiné (3e).
Avant même le début du Tour de France, son directeur, Christian Prudhomme, imaginait déjà Florian Lipowitz comme possible "troisième homme" au classement général, derrière les fusées Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard. Le patron de la Grande Boucle était évidemment bien au fait du podium réussi par le jeune Allemand (24 ans) sur le Dauphiné, où il avait déjà été supérieur à Remco Evenepoel. Pourtant, le coureur de la Red Bull-Bora-Hansgrohe découvre le Tour de France cette année, lui qui ne s’est mis au cyclisme qu’en 2020.
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Sur le vélo après une blessure au genou en biathlon
Avant d’enfourcher le vélo, Florian Lipowitz était plutôt bien parti pour faire carrière sur des skis et derrière la carabine, en biathlon. Il avait d’ailleurs été champion national des moins de 16 ans dans la discipline. Et c’est finalement à cause - ou grâce - à une blessure au genou, en 2019, que l’Allemand s’est tourné vers la bicyclette. "À ce moment-là, je ne pouvais faire que du vélo pour m’entraîner, racontait-il au site Direct Vélo en 2021. Progressivement, j’en ai fait de plus en plus. Par la suite, j’ai eu quelques contacts notamment avec Dan Lorang, le directeur de la performance de l’équipe Bora-Hansgrohe. Il m’a fait passer des tests sur le vélo. Tirol KTM Cycling Team m’a ensuite offert la possibilité de courir avec eux. J’ai alors dû choisir dans quelle direction j’allais me diriger. Je me suis dit que je pouvais essayer le cyclisme en compétition".
Le jeune athlète avait tout de même des prédispositions. "À 16 ans, avec mes parents, nous avons roulé de Genève à Nice à vélo, se souvient-il dans les colonnes de L’Equipe. 800 kilomètres pour découvrir les cols alpins, des journées entières sur le vélo sans aller trop vite et mon corps tenait sans difficulté. Puis j'ai fait du marathon cycliste, type Gran Fondo, cela durait parfois huit heures et j'étais crevé au bout de quatre heures, c'était une bataille pour aller au bout... Mais parfois, je gagnais, je ne sais pas comment. J'avais le moteur pour tenir".
Au sein de sa première équipe, l’ancien biathlète se classe cinquième sur le Tour du Val d’Aoste, et 14e sur le Tour de l’Avenir. Des résultats qui lui ouvrent les portes de la formation Bora-Hansgrohe, dès 2022, et des premières participations en Grands Tours en 2024, sur le Giro et la Vuelta, avec une septième place au classement général en Espagne.
Leader devant Primoz Roglic ?
De quoi forcément nourrir des ambitions sur le Tour de France, même si son directeur sportif Rolf Aldag le voyait plutôt en soutien du leader Primoz Roglic, avec un "rôle qui s’éclaircira au fil du Tour de France". Timide et introverti, l’Allemand lui-même espérait juste arriver à Paris, ce qui serait "un succès en soi". Mais après la 14e étape, il figure en troisième position du classement général, à 7'53'' du maillot jaune, tandis que Primoz Roglic, ancien sauteur à ski, est sixième à un peu plus de dix minutes.
"On ne l'attendait pas à ce niveau avant le Tour, même si on savait qu'il était prometteur. L'Allemagne ne le connaît pas encore, les Allemands ne sont pas passionnés de vélo, mais ils se passionnent pour leurs champions, donc ils vont s'intéresser au vélo grâce à lui", a confié un journaliste allemand croisé à Superbagnères, à franceinfo: sport.
Dans la montée finale, samedi, il était aussi le seul à suivre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar sur quelques centaines de mètres, ce qui pourrait lui donner confiance pour la suite, et faire évoluer la hiérarchie dans son équipe ? "C’est un rêve qui devient réalité de porter ce maillot blanc, je suis venu sur le Tour en ne pensant pas du tout à cela. Avec Primoz, on s’entend bien, on va en parler au calme, et on verra ce qu’il se passera dans les jours à venir", a-t-il répondu à l’issue de l’étape. Une chose est sûre, l'ancien biathlète a désormais la cible dans le dos.