« Le cinéma trouve toujours un moyen d’exister » : Thierry Frémaux discute des tarifs douaniers de Trump à Cannes

Donald Trump s’invite jusqu’à Cannes. Lundi matin, lors d’une conférence de presse organisée avec les journalistes du monde entier sur la Croisette, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a été interrogé à propos des nouveaux tarifs douaniers évoqués par le président américain. Le 4 mai dernier, ce dernier avait annoncé vouloir instaurer des « droits de douane de 100 % » sur des films diffusés aux États-Unis, mais produits à l’étranger. Une manière de faire revivre le monde du cinéma américain « qui est en train de mourir » face aux autres pays qui « offrent toutes sortes d’incitations pour attirer nos cinéastes et nos studios loin des États-Unis », disait-il.

« Il a commencé par dire une chose, puis il s’est contredit », constate Thierry Frémaux, dans des propos relayés par Deadline, quand on lui demande son opinion sur la politique de Donald Trump depuis son investiture en janvier dernier. Pour les tarifs douaniers, celui qui est le délégué général du Festival International du Film depuis 2017 dit ne « pas pouvoir répondre » à cette question « à ce stade », car « c’est trop tôt ». « L’idée que le cinéma américain soit pénalisé par les pays étrangers, je pense que c’est une idée qui mérite d’être discutée », songe-t-il. Avant de poursuivre : « Il y a une chose que nous avons remarquée l’année et les mois qui ont suivi le Covid : il y avait moins de films américains dans le monde. Par conséquent, la production locale et nationale a connu un plus grand succès. » 

Si je disais quelque chose, je dirais, ici, au Festival de Cannes, que nous ne voulons pas que le cinéma américain cesse d’être, c’est ce qui compte

Thierry Frémaux

Thierry Frémaux rappelle alors aux journalistes que « le cinéma trouve toujours un moyen d’exister et de se réinventer ». Cela dit, malgré le succès des productions françaises l’année passée, le cinéphile de 64 ans ne ferme pas les portes aux studios d’outre-Atlantique. « Si je disais quelque chose, je dirais, ici, au Festival de Cannes, que nous ne voulons pas que le cinéma américain cesse d’être, c’est ce qui compte », déclare-t-il.

Une lettre adressée à Donald Trump

Plus tôt dans la journée de lundi, un groupe composé de 100 organismes mondiaux des secteurs du cinéma et de la télévision a signé une lettre ouverte appelant les gouvernements à « sauvegarder les systèmes qui soutiennent la création cinématographique et audiovisuelle indépendante », indique Deadline. On retrouve parmi les signataires de ce document la Société des auteurs et compositeurs dramatiques de France, mais aussi l’Association européenne de production audiovisuelle (CEPI), ou encore le Club des producteurs européens.

Cette lettre adressée à Donald Trump remet également en question « les plateformes pilotées par des algorithmes et la domination croissante des conglomérats mondiaux du divertissement »L’essor de l’intelligence artificielle dans le secteur de l’audiovisuel y est aussi évoqué. Au lendemain de l’annonce des « droits de douane à 100 % », le président américain a essayé de calmer le jeu en déclarant qu’il « ne cherche pas à nuire à l’industrie », mais à « l’aider ». « Nous allons rencontrer l’industrie, a-t-il promis. Je veux m’assurer qu’ils en sont satisfaits, parce que nous nous préoccupons avant tout de l’emploi. »