«Honte à vous», «encore un génie», «vive Shein et Temu !» : l’arrivée de Shein au BHV divise aussi les internautes

L’enseigne de fast-fashion Shein a inauguré ce mercredi son premier pop-up store au BHV Marais, à Paris. L’ouverture a évidemment attiré plusieurs centaines de personnes massées dès l’aube devant les portes du grand magasin, mais aussi une nuée de journalistes venus assister à la scène.

Car cette journée avait tout du dérapage annoncé. Depuis des semaines, les polémiques s’accumulent autour de l’arrivée physique du géant chinois dans la capitale : accusations de travail forcé d’ouvriers ouïghours, impact environnemental catastrophique, pratiques fiscales opaques et, plus récemment, vente d’une poupée sexuelle à l’apparence d’un enfant — un produit jugé pédopornographique par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Plusieurs marques ont même annoncé leur retrait des rayons pour boycotter ce nouveau concurrent, dont Agnès b., American Vintage et Swarovski.

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Mercredi, la rue de Rivoli était ainsi coupée en deux : d’un côté, les clients faisant le pied de grue pour entrer ; de l’autre, les manifestants criant leur colère. Sur Internet se trouve d’ailleurs le même champ de bataille : il y a ceux qui défendent ce pari commercial, et ceux qui s’indignent. Revue de tweets.

«Il insulte ses clients en plus ?»

Première cible de l’ire des internautes : le PDG du BHV, Frédéric Merlin, qui a pris la parole lors de l’ouverture de pop-up store. L’homme de 34 ans a voulu aller au contact des clients… avant de déclencher un véritable tollé. Face aux manifestantes, il a eu cette phrase maladroite, et sujette depuis, à toutes les interprétations : «Ceux qui hurlent n’en ont rien à faire des gens qui, comme vous, ne savent pas s’habiller.» Rapidement reprise par les médias et relayée sur les réseaux sociaux, cette sortie a enflammé les commentaires.

«Eh bien Frédéric, on répond tous de nos actes un jour ou l’autre. J’espère qu’il sera écrit quelque part comment vous avez contribué à la montée d’une marque suspectée d’esclavagisme comme Shein», écrit une internaute. D’autres enchaînent : «J’ai bien entendu “ils n’en ont rien à faire des gens comme vous qui ne savent pas s’habiller” ? Il insulte ses clients en plus ?» ; «Même sans moyens, je peux m’habiller avec éthique, il suffit de le vouloir» ; «Tout pour l’argent, encore une fois ! Zéro éthique ! Bravo monsieur » ; «Encore un génie» ; «Le mépris… juste incroyable.»

Autant de messages venus s’ajouter à ceux, plus généraux, visant l’ADN de Shein et le symbole d’une fast-fashion sans scrupule : «C’est vrai que le BHV a toujours pensé aux pauvres, hahaha.»

Des commentaires d’internautes sur la publication Instagram du média Brut. Capture d’écran

Sous la publication Instagram du média Brut, les commentaires se sont donc enchaînés, souvent rageurs, mais aussi plus nuancés. «Alors vraiment, je me fais l’avocat du diable hein, et je suis absolument contre Shein, mais j’ose penser qu’il a utilisé le verbe savoir pour dire pouvoir, comme on le dit dans le nord de la France», tente une internaute, soutenue par d’autres : «Certaines personnes disent “ne savent pas” pour “ne peuvent pas”, selon d’où elles viennent.» Et un autre d’assurer : «Il a fourché, il a voulu dire “les gens qui ne savent pas où s’habiller”.» D’autres ont encore été plus moqueurs et condescendants : «La clientèle Hanouna, ouais».

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Sur BFM TV, une cliente interrogée à la sortie du magasin s’en était prise, mercredi, aux prix pratiqués, assurant face au micro : «Je trouve que c’est une arnaque, c’est beaucoup plus cher qu’en ligne.» Sur X, la même idée revient : «Shein au BHV, je pleure ! Comment ça, des vestes à 80 € ? L’arnaque !», écrit une internaute.

Plusieurs personnes se sont plaintes des prix plus coûteux en boutiques que sur Internet. Capture d’écran sur X

Les défenseurs

Mais tout le monde n’est pas à charge. «J’admire votre manière de rebondir face à chaque tempête. Elles sont là pour faire le ménage, et vous savez en tirer parti pour écrire un nouveau chapitre», écrit une abonnée, faisant partie des 17.000 personnes qui suivent Frédéric Merlin sur Instagram. Sur X, la tendance est aussi à la défense de la marque chez certains.

Plusieurs internautes ont ainsi revendiqué leur droit à acheter Shein, tout en dénonçant le snobisme de leurs détracteurs : «Peut-être que vous pouvez vous payer des articles plus chers avec vos revenus faramineux, mais laissez aux gueux la possibilité de se faire plaisir à petits coûts ! Vive Shein et Temu ! Et foutez-nous la paix !», a ironisé un utilisateur.

Un internaute sur X se plaint des polémiques autour de l’arrivée de Shein au BHV Marais, à Paris. Capture d’écran sur X

D’autres, plus mesurés, ont plaidé le pragmatisme. «Shein montera en gamme au fur et à mesure, comme Uniqlo ou Zara. Dans un monde où les factures explosent, ça redonne un peu de pouvoir d’achat aux mères célibataires, aux étudiants… Tant que les normes sont respectées, qu’on les laisse tranquilles», a conclu l’un d’eux.