299. Se représente-t-on vraiment ce que sont 299 potentielles victimes de viol et d’agression sexuelle perpétrés par un seul homme ? 299 noms recensés dans des fichiers informatiques aux côtés de descriptions abjectes de violences sexuelles. 299 hommes et femmes appelés un par un par les services d’enquête pour faire état de ces abus pédophiles commis lors d’une hospitalisation ou bien se signalant eux-mêmes à la justice, ayant entendu parler de l’affaire dans la presse et craignant d’être concernés. 299 personnes qui, du lundi 24 février au mois de juin, vont voir ce cauchemar affiché au grand jour lors d’un procès devant la cour criminelle départementale du Morbihan.
Ce cauchemar, c’est la réalité de l’affaire Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien digestif et viscéral, aujourd’hui âgé de 74 ans, qui encourt vingt ans de réclusion criminelle, notamment pour «viols aggravés» et «agressions sexuelles aggravées». «Il s’agit sans doute du plus gros dossier de pédocriminalité en France, en tout cas du dossier qui compte le plus de victimes agressées sexuellement ou violées par un seul homme. Et l’ampleur du procès qui en découle est à la hauteur de l’ampleur de cette affaire», résume un acteur judiciaire.
Impossible cependant d’évoquer ces 299 potentielles victimes sans mentionner celles dont le cas ne sera pas directement abordé par la juridiction vannetaise. D’abord, les 15 patients pour lesquels les faits sont totalement frappés de prescription. «Pour eux, c’est une double peine. Avoir été agressés sexuellement ou violés, mais ne pas être reconnus en tant que victimes proprement dites», déplore Me Francesca Satta, qui représente une dizaine de personnes, dont une concernée par cette prescription. Ensuite, les quatre victimes du premier volet judiciaire de ce dossier, celui qui a déjà valu quinze ans de réclusion criminelle à Joël Le Scouarnec : deux nièces, une patiente et une voisine du «chirurgien de Jonzac».
«Dans sa chambre», «au bloc», «dans mon bureau»
C’est grâce à cette petite voisine que la tentaculaire affaire Le Scouarnec a éclaté. Le 25 avril 2017, la mère de Lisa*…