PSG : Ramos, la preuve par neuf
Un but sur les trois derniers matchs. C’est un PSG dans le doute sur le plan offensif qui se déplaçait à Salzbourg, mardi, lors de la sixième journée de la Ligue des champions. Pour dominer, multiplier les passes et occuper le camp adverse, il y a du monde. Pour marquer, un peu moins… Un blocage psychologique ? «Non, mais on se posait beaucoup de questions», admet Bradley Barcola. Des questions qui ont, en partie, trouvé une réponse à la Red Bull Arena. Et ce même si le faible niveau de l’équipe autrichienne invite à relativiser les analyses et les éloges, individuellement ou collectivement.
Les maux de ce PSG sont bien connus. Antoine Kombouaré les a ainsi résumés il y a quelques semaines, après PSG-Nantes (1-1) : «Leurs lacunes ? L’efficacité, le réalisme. Il (Luis Enrique) a toujours dit "je ne veux pas un buteur à 50 buts", il veut plusieurs buteurs. Aujourd’hui, c’est là que le bât blesse», relevait le coach des Canaris, ajoutant qu’il a manqué aux Parisiens «d’être plus tueurs dans la surface de réparation». L’ancien défenseur du PSG avait ajouté que Gonçalo Ramos pouvait représenter au moins une partie de la solution : «Il fait son retour, il faut lui laisser un peu de temps». «Casque d’or» avait tout bon sur toute la ligne. La preuve mardi. La preuve par neuf.
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La fin de la malédiction
Avec le Portugais en point de fixation, une cible pour les centres mais pas que, le PSG, facile vainqueur (0-3), semblait plus cohérent que ces dernières semaines. Dans ce schéma, Luis Enrique attend plusieurs choses de son 9 : faire les efforts défensifs et mettre la pression sur la première relance adverse, garder la balle sous la pression mais aussi et surtout marquer. En voyant l’ancien de Benfica adresser une tête toute molle vers la cage adverse à la 10e minute, on pouvait commencer à douter en ce qui concerne le dernier point. Et encore plus en voyant Ramos vendanger un but tout fait dans les six mètres, à la 24e. La malédiction. À ce moment-là, Kylian Mbappé était toujours le dernier attaquant à avoir marqué en C1 pour le Paris Saint-Germain. C’était à la mi-avril, en quarts retour, contre le Barça (victoire 4-1).
Toutes les séries ont une fin. Y compris les plus mauvaises. Centre de Barcola, tête de l’excellent Achraf Hakimi et Ramos qui s’arrache pour marquer d’une pichenette de l’extérieur du droit, en extension, alors que le ballon était destiné à fuir le cadre. Un but d’avant-centre. Le premier en C1 avec Paris pour le joueur de 23 ans, qui en avait mis quatre avec Benfica.
«Un déclic ? Je pense que ça va faire un déclic. On avait du mal devant le but adverse depuis quelques matchs. Marquer trois buts à l’extérieur, c’est très bien et j’espère que ça va continuer», note Bradley Barcola, très actif mais maladroit dans le dernier geste mardi. Aligné à droite en lieu et place d’Ousmane Dembélé, suspendu, Kang-in Lee n’a pas été très dangereux, si ce n’est une belle frappe qui a léché la lucarne en première période. Randal Kolo Muani et Marco Asensio, eux, ont regardé le spectacle depuis le banc, tandis que Désiré Doué, passeur décisif sur le but de Nuno Mendes et buteur lui-même en fin de partie, a fait parler la poudre en terre autrichienne.
C’est un finisseur, il apporte de la continuité.
Luis Enrique
Assez pour imaginer des lendemains qui chantent. Ou du moins retrouver un peu le sourire. En tout cas, le PSG ne pourra rien espérer sans des attaquants qui se montrent décisifs dans la zone de vérité, c’est sûr. Dans cette idée, le retour de Gonçalo Ramos est, évidemment, une excellente nouvelle. Et ce même si Luis Enrique répond simplement et sèchement «non» lorsqu’on lui demande si l’apport du natif d’Olhão change le jeu de son équipe. «Il ne change pas notre jeu. C’est un finisseur. Il apporte de la continuité, c’est un autre profil», a étayé le coach espagnol en conférence de presse.
Interrogé avant la rencontre, lui aussi en conférence de presse, Bradley Barcola avait toutefois une autre vision des choses : «On sait qu’on a plus de présence dans la surface sur les centres avec lui. Ça nous apporte plus de confiance dans la surface adverse. On peut centrer. Il est aussi bon dos au jeu. Mais pour ce qui est des centres, c’est bien d’avoir un joueur dont on sait qu’il peut couper au premier poteau, qui est vraiment dans la surface. C’est bien.»
Luis Enrique n’a sans doute pas l’intention d’écarter totalement l’option faux 9. D’ailleurs, l’entrée de Doué à la place de Ramos a permis de dynamiser la fin de match. En attendant, Gonçalo Ramos apporte quelque chose que ni Barcola, ni Dembélé, ni Lee ou Asensio n’ont : lui, c’est un buteur. Il a ça dans le sang. Il pense but. Il rêve but. Il mange but. Certes, ce n’est pas Erling Haaland. Et on ne sait pas encore vraiment quel est son potentiel. Finalement, il n’a que peu joué l’an dernier en «Champions’». N’empêche, Paris n’a pas mieux dans ce registre. D’autant que «Kolo» est à la cave. Pour lui, il vaudrait mieux trouver une porte de sortie au mercato d’hiver.
Une carte à jouer
Gonçalo Ramos, lui, a une vraie carte à jouer à Paris. Un boulevard en fait. Une occasion en or. Victime d’une blessure à la cheville lors de la première journée de Ligue 1, il n’a fait son retour qu’à Munich (défaite 1-0), le 26 novembre. Titulaire mais muet contre Nantes (1-1) et à Auxerre (0-0), il a fait ce pour quoi il est payé, ce pourquoi le PSG a misé 80 M€ : marquer.
Et si ça peut donner des idées aux autres joueurs offensifs, les débloquer, leur ôter de la pression, ce ne serait pas du luxe. «C’est très bien pour eux, pour nous, pour l’équipe, dit Joao Neves au sujet de la réussite de Ramos et Doué mardi. Mais que ce soient les attaquants, les milieux ou le gardien qui marquent, le plus important, c’est que le PSG gagne». Et le milieu portugais d’ajouter : «On doit s’adapter, avec un vrai 9 ou un faux 9. Notre jeu change dans cette situation. Je suis en tout cas très heureux pour Gonçalo et pour les trois points». Il n’y a plus qu’à confirmer. Contre City et Stuttgart en C1, au début de l’année, mais aussi face à Lyon, Monaco et Lens pour terminer 2024.