Comment Emmanuel Macron saigne les pauvres pour gaver les riches
Durant son bref passage à Matignon, Michel Barnier avait décidé que les retraites n’augmenteraient que de 0,8 % au 1er janvier 2025. Sa démission après le vote de la censure a permis de revenir à la hausse légale de 2,2 %. Néanmoins, pour les 6 millions de personnes dont la retraite est inférieure à 1 000 euros nets par mois, cela donne moins de 0,66 euro par jour. Le gain de pouvoir d’achat ne se verra guère au moment de faire les courses.
Succédant à Barnier, François Bayrou a manœuvré pour ne pas répondre à la demande d’abrogation de la retraite à 64 ans. La Cour des comptes est sollicitée pour rendre un rapport le 19 février sur l’état des finances des caisses de retraite. Les chiffres seront à la disposition des syndicats d’employeurs et de salariés pour débattre d’ici juin dans une commission que le Premier ministre a qualifiée de « conclave », reprenant à son compte la désignation du lieu où se rassemblaient les cardinaux pour procéder à l’élection du pape à l’époque médiévale.
En 2023, le gouvernement d’Élisabeth Borne fit passer sans vote le départ en retraite à 64 ans, via la procédure du 49-3 à l’Assemblée nationale. Avec la mise en place du conclave, le nouveau Premier ministre espère gagner du temps et faire durer son gouvernement jusqu’à l’été.
75 % des Français ne font pas confiance à Macron
Mais le principal responsable des reculs sociaux loge à l’Élysée. Le 9 janvier, un sondage ELABE pour « Les Échos » indiquait que 62 % des Français se prononçaient pour le retour du droit à la retraite à 62 ans, 31 % étant favorables au départ à 64 ans. La même semaine, un sondage IPSOS pour « La Tribune » révélait que 21 % des personnes interrogées faisaient encore confiance au chef de l’État, tandis que 75 % lui refusaient cette confiance, 4 % ne formulant pas d’avis.
Après plus de sept ans passés à l’Élysée, il convient de rappeler que l’une des premières décisions du président Macron en 2017 fut de faire supprimer l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). Car lui-même l’avait payé sur son revenu de 1,4 million d’euros acquis en 2011 à la banque Rothschild où il négociait des fusions et des acquisitions d’entreprises cotées en Bourse.
Le 31 décembre 2024, Emmanuel Macron admettait, lors de ses vœux aux Français, que « la dissolution » de l‘Assemblée nationale « a produit plus d’instabilité que de sérénité ». C’est la sanction de son bilan depuis 2017. On ne stimule pas l’économie en réduisant les salaires et les pensions pour enrichir les plus riches. Emmanuel Macron prétendait faire reculer le chômage en précarisant les emplois. Du coup, en 2024, deux créations d’entreprises sur trois en France l’étaient par des autoentrepreneurs. En 2023, le revenu net moyen d’un autoentrepreneur était de 590 euros mensuels. Beaucoup d’entre eux exerçaient parallèlement une activité de salarié, souvent précaire.
22 % des ménages en découvert bancaire chaque mois
En décembre 2024, la France comptait 3 021 000 chômeurs inscrits à Pôle emploi en catégorie A, sans la moindre heure de travail. S’y ajoutaient 2 309 000 personnes qui exerçaient une activité réduite tout en étant inscrits à Pôle emploi en catégories B et C. Au regard de ces chiffres, le départ en retraite à 64 ans ferait croître le nombre de seniors privés d’emploi, ce que redoutent tous les syndicats de salariés. Nous sommes dans un pays où, en 2024, 22 % des ménages connaissent le découvert bancaire chaque fin de mois et souvent à partir du seizième jour du mois ! Leur situation ne va pas s’arranger dans le climat d’incertitude politique qui conduit de nombreux patrons de PME à ne pas embaucher et à bloquer les salaires en attenant d’y voir plus clair.
Dans le même temps, les firmes cotées en Bourse délocalisent des productions dans les pays à bas coûts de main-d’œuvre dans le seul but d’accroître les profits. Dans la seconde semaine de janvier, on apprenait que les entreprises du CAC 40 à la Bourse de Paris avaient versé 98 milliards d’euros de dividendes et d’actions gratuites à leurs actionnaires. Parallèlement, les ménages qui peuvent encore mettre un peu d’argent de côté afin de faire face à des risques souvent liés à la possible perte de leur emploi, verront la rémunération du Livret A passer de 3 % à 2,4 % en février.
Pour les ménages qui cherchent à louer un appartement, le manque de logements sociaux oblige beaucoup d’entre eux à se tourner vers le secteur privé. Mais selon la plateforme « Bien Ici », depuis trois ans l’offre de biens à louer a baissé de 50 % tandis que la demande augmentait de 45 %. Voilà qui va encore augmenter la part des loyers dans les dépenses incompressibles d’un nombre accru de ménages. Pour ceux qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail, le prix du pétrole est en train de repartir à la hausse, ce qui va aussi se traduire par une hausse du prix des carburants à la pompe.
Depuis sept ans, la politique du président des riches fait tomber un nombre toujours croissant de ménages dans la misère. Au point que l’on observe une multiplication des cas de scorbut en France. Cette maladie qui frappait surtout les marins du temps de la marine à voile, progresse aujourd’hui chez les jeunes enfants et certaines personnes âgées. Faute d’un pouvoir d’achat suffisant, on ne mange pas assez de fruits et légumes riches en vitamines C dans 20 % des ménages en France. Voilà encore une conséquence de la politique d’Emmanuel Macron qui a dissous l’Assemblée nationale en misant sur la peur pour tenter de rassembler autour de lui.
Que l’on soit actif ou retraité, l’action revendicative sera donc déterminante dans les prochains mois pour défendre les emplois, les salaires et les pensions dans une France où la part des 500 plus grandes fortunes était déjà passée de 28 % du PIB en 2018 à 42 % en 2023.
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