Rock en Seine 2025 : la pop star Chappell Roan offre un spectacle flamboyant et poétique au premier soir du festival

On ne l’avait pas aperçue en France depuis deux ans. Chappell Roan a embrasé la grande scène de Rock en Seine (à Saint-Cloud, dans les Hauts-de-Seine), ce 20 août, devant un parterre de 40 000 festivaliers. Choisie pour succéder à Billie Eilish et Lana Del Rey comme tête d’affiche de la soirée d’ouverture 100% féminine du festival, la native du Missouri a partagé toute la palette de couleurs et de talents dont elle est dotée.

Météo France prévoyait une soirée arrosée. C’est finalement sous un ciel bien dégagé qu’est apparue la princesse du Midwest Chappell Roan, peu avant 22 heures. Fidèle à son univers burlesque et inspiré de la culture drag, elle portait un ample manteau vert recouvert de paillettes, strass et froufrous, ainsi qu’une coiffe ornée de papillons et un sceptre.

Un costume parfaitement en adéquation avec le décor choisi par l’artiste, un château de plusieurs mètres de long, avec escaliers en colimaçon et grilles en faux fer forgé. “La scénographie est incroyable, je l’avais vue sur Tik Tok !”, s’exclame un spectateur, les yeux brillants d’admiration. Les festivaliers, âgés de 18 à 45 ans, viennent aussi bien de l’Hexagone que de l’étranger pour reprendre à tue-tête les tubes qui défilent : Femininomenon, HOT TO GO!, Red Wine Supernova

De son vrai nom Kayleigh Rose Amstutz, l’artiste n’était - au départ - pas envisagée comme la star de l’édition 2025. C’était sans compter sur “sa trajectoire ascendante” qui “a fait évoluer la manière dont on l'a perçue et vue dans la programmation", expliquait en début de semaine Matthieu Ducos, directeur de Rock en Seine, évoquant un "phénomène fou". Pari gagnant pour l’organisateur, au lendemain de l’annulation en dernière minute du concert de la sensation du rap américain Doechii.

Un univers queer qui bouscule les normes de genre

Il faut dire que depuis la sortie de son premier album The Rise and Fall of a Midwest Princess, il y a à peine deux ans, Chappell Roan s’est imposée comme l’une des artistes féminines les plus écoutées. Au compteur : 7,1 milliards de streams dans le monde, dont 110 millions en France. Lorsqu’elle entame The Subway, sa dernière création sortie le 31 juillet dernier, l’Américaine n’a pas besoin de souffler les paroles à son public : le petit dernier est déjà un tube.

Ouvertement lesbienne et nouveau modèle de la communauté LGBT+, Chappell Roan aborde de front les sujets de la sexualité féminine dans ses morceaux. A l’instar de Guilty Pleasure (“plaisir coupable” en français), sur laquelle elle n’hésite pas à s’effondrer sur le sol en mimant l’extase. Tonnerre d’applaudissements dans la foule. 

Accompagnée par son groupe (uniquement des femmes musiciennes, fait assez rare pour être relevé), la jeune femme de 27 ans prend confiance et s’amuse avec les spectateurs.

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“Merci d’être ici. On n'avait pas pu être là l’année dernière donc j’ai vraiment insisté pour venir !", lance-t-elle aux festivaliers. En 2024, Chappell Roan avait fini par annuler son unique date en France, au Bataclan. "Je suis si reconnaissante de pouvoir m’habiller comme ça et de me sentir en confiance.” 

Habitée par ses textes, elle alterne en deuxième partie de concert des morceaux plus mélancoliques, comme l’émouvant Coffee ou Kaleidoscope. Recouverte d’une cape, elle chante ce titre presque pour elle-même. Son visage fardé de blanc, coloré par quelques touches de fard à paupières et barré d’un trait d’eye-liner, ressort dans la nuit.

Du Midwest à Saint-Cloud

Pour clore son chapitre Rock en Seine 2025, la princesse du Midwest entame le morceau qui l’a propulsée en tête des charts : Pink Pony Club. Ce tube, sorti en 2020, n’a connu la gloire qu’à partir de 2023. Chappell Roan y raconte notamment ses années à Los Angeles et la découverte des lieux de fête queer. Une libération pour celle qui a grandi dans un milieu très conservateur et chrétien.

Dans un final mêlant jeux de lumières et pyrotechnie, la popstar remercie une dernière fois son groupe et son public. "Merci Paris, merci aux équipes de Rock en Seine et merci à mon groupe !" Alors que la star se glisse en coulisses, quelques gouttes tombent sur le nez des festivaliers. Timing parfait.