Bruce Springsteen vent debout contre Trump sur son nouvel EP

La tournée européenne de Bruce Springsteen, qui fera étape à Lille les 24 et 27 mai puis à Marseille le 31, a débuté le 14 mai dernier dans la ville britannique de Manchester. Une semaine tout juste plus tard, le héraut de la classe ouvrière américaine a sorti, sur les plateformes de streaming, un enregistrement live de 4 titres captés lors de ce concert.

Land of Hope and Dreams est une chanson de 1999 que le Boss avait notoirement interprétée lors de l’accession à la Maison Blanche de Joe Biden, le 20 janvier 2021. Elle donne son titre à la tournée. La chanson, qui figure sur l’album de 2012 Wrecking Ball a été utilisée lors de plusieurs événements politiques. John Kerry en a fait un des hymnes de sa campagne électorale de 2004, et Barack Obama l’a diffusée après son dernier discours en tant que président des États-Unis en 2017. Filant la métaphore du train, le texte de ce titre est un chant d’espoir et de rédemption particulièrement vibrant, surtout lorsque Springsteen le conclut avec trois vers du légendaire People Get Ready de Curtis Mayfield.

Compagnon de longue date du parti démocrate, qui a affiché son soutien à des nombreux candidats au fil des années, Springsteen livre actuellement les concerts les plus politiques d’une carrière amorcée sous la présidence de Richard Nixon, en 1972. Dans une déclaration cinglante en introduction du titre, il fait référence à l’actuel locataire de la Maison Blanche. « L’Amérique que j’aime, l’Amérique sur laquelle j’ai écrit, source d’espoir et de liberté depuis 250 ans, est aux mains d’un gouvernement corrompu, incompétent et perfide », lance-t-il notamment, demandant à ses spectateurs de « hausser la voix contre l’autoritarisme pour laisser la liberté triompher. » On ne saurait être plus explicite.

« En Amérique, les plus riches sont contents de laisser les enfants pauvres être malades et mourir. Cela se passe en ce moment dans mon pays », lâche-t-il plus tard dans un discours poignant de 3 minutes 30. Et Springsteen de livrer un constat effarant sur la situation politique catastrophique des États-Unis. Le rocker, qu’un passant avait interpellé après l’attaque du 11 septembre 2001 en lui demandant de faire quelque chose, cite James Baldwin et renouvelle son espoir pour un avenir meilleur. Juste après ces mots, la superstar chante justement My City of Ruins, écrite immédiatement après l’attentat du World Trade Center. 

La réaction de Donald Trump n’a pas tardé à arriver. Dans le registre ordurier qui est le sien, le Président n’a pas déçu, qualifiant le Boss de « vieux pruneau desséché », ajoutant «Je vois que Bruce Springsteen, complètement surcoté, est allé dans un pays étranger pour mal parler du président des États-Unis» tout en s’en prenant à Beyoncé et Taylor Swift, qui avaient bruyamment soutenu la candidature de Kamala Harris. Donald Trump a aussi annoncé vouloir lancer une « enquête majeure » sur les soutiens reçus de la part de célébrités par son ancienne rivale Kamala Harris.

Le premier musicien à avoir apporté son soutien à Bruce Springsteen est son contemporain, le Canado-américain Neil Young, qui sera pour sa part en tournée sur le continent européen en juin et juillet prochains. « Arrête de te soucier de ce que les rockers disent de toi  et pense plutôt à sauver les États-Unis du chaos que tu as foutu » a lancé ce dernier à Trump. On se souvient de l’ire du chanteur lorsque l’ancien candidat avait utilisé la chanson Rockin in the Free World lors de ses meetings. « Nous n’avons pas peur de toi », a lancé le vieux rocker au nom de tous les musiciens américains aux opinions démocrates. Et Springsteen en a appelé à Bob Dylan lui-même en reprenant son titre Chimes of Freedom sur la scène du Co-op de Manchester.