Fleury-Mérogis, comment la ville a appris à cohabiter avec la plus grande prison d’Europe
Fleury-Mérogis (Essonne), envoyé spécial.
Entre quelques polars jaunis et une revue d’informatique cornée, dans la boîte à livres, un volumineux « Guide Clause » , manuel de jardinage. Certainement trouvera-t-il preneur parmi les habitants des pavillons alentour. En traversant le quartier proche de la mairie de Fleury-Mérogis, on s’enfonce vite dans la forêt de Saint-Eutrope. Avec sa prison, c’est une particularité de cette ville de l’Essonne : le tiers de sa surface est couvert de bois.
L’on chemine au milieu des arbres avant de découvrir une immense clairière, enveloppée de brume. Sur le chemin, un groupe de femmes promènent leurs chiens. Passent ensuite Ahmed, la soixantaine, et deux de ses amis moins grisonnants venus faire leur « marche quotidienne ». Lui s’est installé à Fleury il y a trois ans, en achetant un pavillon pour la retraite. Il aime sa ville « pour son calme, pour sa forêt », nous confie-t-il. La troupe repart.
« Retour promenade ! »
Quelques corbeaux croassent, vont et viennent, quand, derrière les arbres, au-delà d’un mur d’enceinte que l’on devine, retentit un « Retour promenade ! Retour promenade ! » Les détenus sont invités à retrouver leurs quartiers. Car la commune accueille également la plus grande prison d’Europe. C’est le président de Gaulle qui en son temps, décida de l’emplacement quand la ville ne comptait que quelques fermes. Les habitants ont, depuis, appris à vivre avec elle.
« En dehors de la ville, j’ai parfois peur de dire que je suis de Fleury-Mérogis », nous confie lors de nos rencontres Ibrahima, la vingtaine. Cela fait partie des désagréments, quand on habite ici. « On...