Économie sociale et solidaire : prendre la parole pour la démocratie et la solidarité !

De lourds nuages noirs s’accumulent sur le monde associatif et sur l’économie sociale et solidaire (ESS) dans sa diversité. Prenant prétexte des restrictions budgétaires, des collectivités publiques, régions, départements, communes ou établissements publics de coopération intercommunale ont pris les devants et suppriment des concours décisifs pour la survie de nombreuses associations, d’entreprises d’utilité sociale, de coopératives relevant toutes de l’ESS.

On a vu la région Pays de la Loire procéder à des coupes drastiques montrant ses choix politiques à l’encontre de la culture ; dans le champ de l’insertion des jeunes elle a rogné plus de 3 millions d’euros pour les missions locales. Le département de l’Hérault en a fait de même pour la culture. Aujourd’hui, c’est la région Auvergne-Rhône-Alpes qui entend supprimer ses concours à la chambre régionale de l’ESS et à des coopératives. Des dispositifs essentiels d’aide aux populations sont en sursis. De partout remonte du terrain des informations sur des baisses (voire des suppressions pures et simples) des subventions départementales ou communales aux associations.

Ces mesures contraires, voire hostiles, à l’ESS révèlent des orientations politiques inquiétantes pour la solidarité et la démocratie. Du mésusage du contrat d’engagement républicain à celui d’une prétendue « submersion » migratoire, « notre pays connaît, comme d’autres en Europe, un phénomène rapide et brutal identifié comme un rétrécissement de l’espace civique », comme l’écrit dans le Monde Pierre Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme.

Les mutuelles se voient toujours plus lourdement taxées, tout en devant assumer de nouveaux engagements du fait des défausses de l’État. Sans considérer leurs engagements solidaires, les mutuelles se voient transformées en collecteurs d’impôt. Elles sont amenées à se substituer dans la solidarité à un État dont le gouvernement par ailleurs manipule l’opinion à leur encontre, et lorgne leurs réserves, souvent imposées par la loi, qui sont l’argent des mutualistes.

Ces décisions socialement et économiquement irresponsables font écho, comme pour les devancer, aux positions du RN. Elles représentent ainsi une lourde menace démocratique, d’autant qu’associations et structures de l’ESS ont la démocratie au cœur de leurs principes. Elles participent activement à la vie citoyenne dans notre pays.

À l’occasion du budget Barnier, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) a évoqué un vaste « plan social » dans l’ensemble du champ et qui pourrait toucher jusqu’à 180 000 emplois. Le budget Bayrou est tout aussi dangereux pour nos associations et structures de l’ESS.

Dans l’urgente construction d’alternatives, les militantes et militants engagés pour une ESS fidèle à ses principes de solidarité et de démocratie ne peuvent demeurer silencieux. Il est temps que s’expriment ces engagements principiels de l’ESS, largement ancrée dans une démarche d’intérêt général complémentaire des services publics, eux aussi maltraités.

Au-delà, c’est l’ensemble de la société civile organisée, dont, avec les organisations syndicales, l’ESS constitue l’essentiel, qui se voit menacé. Cette situation nous confronte à trois défis. C’est d’abord celui de l’urgence d’un approfondissement des coopérations entre ESS et collectivités (État et territoires) qui mettent en œuvre les services publics, qu’ils soient nationaux ou locaux. Le deuxième enjeu est celui du renforcement des coopérations et des solidarités internes au sein de l’ESS afin d’éviter que ne se creusent des écarts venant affaiblir l’ensemble de ses composantes. Enfin, il y a la question de la prise de parole publique et du travail collectif pour peser plus dans le débat public, non dans une défense corporatiste mais dans la mise en évidence des interventions de l’ESS dans les urgentes bifurcations sociales et écologiques et dans la mobilisation démocratique, malgré les coupes dans les financements publics.

En tant que cosignataires de cet appel à l’initiative de l’institut Polanyi, nous voulons ne pas demeurer silencieux et manifester notre disponibilité pour répondre à ces défis.

Premiers signataires :

Youssef Achour, Jean-Claude Boual, David Cluzeau, Patricia Coler, Michelle Demessine, Danielle Desguées, Thierry Guillois, Michel Jézéquel, Olivier Leberquier, Pascal Lefebvre, François Longérinas, Gustave Massiah, Nathalie Mayance, Jean-Philippe Milesy, Patricia Néau, Christian Oyarbide, Gilles Rouby, Jérôme Saddier, Jean Sammut, Sophie Vally, Patrick Vassallo, Marie-Christine Vergiat, Martin Bobel, Dominique Joseph, Clémentine Autain, Pierre Ouzoulias, Danielle Simonnet, Antoinette Guhl. Retrouvez la liste complète sur humanite.fr.

Youssef Achour, Jean-Claude Boual, David Cluzeau, Patricia Coler, Michelle Demessine, Danielle Desguées, Thierry Guillois, Michel Jézéquel, Olivier Leberquier, Pascal Lefebvre, François Longérinas, Gustave Massiah, Nathalie Mayance, Jean-Philippe Milesy, Patricia Néau, Christian Oyarbide, Gilles Rouby, Jérôme Saddier, Jean Sammut, Sophie Vally, Patrick Vassallo, Marie-Christine Vergiat, Martin Bobel, Dominique Joseph, Clémentine Autain, Pierre Ouzoulias, Danielle Simonnet, Antoinette Guhl. Retrouvez la liste complète sur humanite.fr.

Youssef Achour, Jean-Claude Boual, David Cluzeau, Patricia Coler, Michelle Demessine, Danielle Desguées, Thierry Guillois, Michel Jézéquel, Olivier Leberquier, Pascal Lefebvre, François Longérinas, Gustave Massiah, Nathalie Mayance, Jean-Philippe Milesy, Patricia Néau, Christian Oyarbide, Gilles Rouby, Jérôme Saddier, Jean Sammut, Sophie Vally, Patrick Vassallo, Marie-Christine Vergiat, Martin Bobel, Dominique Joseph, Clémentine Autain, Pierre Ouzoulias, Danielle Simonnet, Antoinette Guhl. Retrouvez la liste complète sur humanite.fr.

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
  • nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.

L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus