Valeur sentimentale, Alpha, Salve Maria... Les films de la semaine à voir et à éviter au cinéma
Valeur Sentimentale - À voir
Comédie dramatique de Joachim Trier - 2h13
Agnès et Nora voient leur père débarquer après de longues années d’absence, à l’enterrement de leur mère. Il ne manquait plus que ça. Ce cinéaste sur le retour n’a donc aucune pudeur. Son dernier succès remonte à une quinzaine d’années. Dans un de ses films, il avait donné un rôle important à Agnès et c’est le seul moment où elle a eu l’impression de compter pour lui. Qu’est-ce qu’il croit ? Il ne suffit pas de revenir, de claquer dans ses doigts, de proposer à Nora d’être la vedette de son nouveau projet. Refus de l’intéressée. Puisque c’est comme ça, il se rabat sur une star hollywoodienne.
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Passer la publicitéJoachim Trier rend romanesques en diable ces rapports en montagnes russes, filme avec une douceur veloutée, tchékovienne, ces ego qui se percutent. Valeur sentimentale, grand prix au dernier Festival de Cannes, balaie avec grâce la gamme des sentiments les plus violents, à la façon d’un Bergman contemporain. Le compliment n’est pas mince. É.N
Salve Maria - On peut voir
Drame de Mar Coll - 1h51
À quel moment la ligne entre le bien et le mal est-elle franchie ? Maria, jeune mère écrivaine, se retrouve perdue dans les méandres d’un quotidien bouleversé par la maternité, oscillant entre inquiétude constante et épuisement profond. Un jour, un infanticide secoue la ville. Peu à peu, elle sombre, quelque chose en elle vacille. Le drame l’obsède, la hante. À partir de ce moment-là, le spectre de l’infanticide plane sur Maria comme une possibilité obsédante. Hantée par la question « Pourquoi cette femme a-t-elle tué ses enfants ? », la jeune écrivaine se lance dans l’écriture d’un roman inspiré du drame – et s’y perd peu à peu.
La protagoniste est figée par la peur, la honte et la solitude. Laura Weissmahr (Fanatico) incarne cette réalité intérieure avec une intensité bouleversante. Grâce à son jeu naturel, le spectateur accède à une intimité rare : celle d’une femme perdue dans un tourbillon de pensées interdites. À mi-chemin entre manifeste féministe et thriller, cette adaptation du roman de Katixa Agirre Los madres no, trace avec acuité les contours d’un « avant » et d’un « après » la maternité. Les souvenirs de liberté semblent lointains, presque irréels. M.W
Alpha - À éviter
Drame de Julia Ducournau - 2h08
Passer la publicitéL’action se situe dans une ville qui pourrait être Le Havre dans les années 1980. Au cœur de cette cité portuaire, battue par un mystérieux vent rouge à la Mad Max, sévit un mystérieux virus qui décime la population. L’allégorie avec le sida est transparente. Alpha (Mélissa Boros), 13 ans, n’a pas froid aux yeux. Dans une fête alcoolisée, l’adolescente, ivre, se fait graver un « A » sur le bras. Au petit matin, sa mère médecin (Golshifteh Farahani) panique. L’aiguille était-elle stérilisée ? Alpha est vite mise en quarantaine par sa mère qui forme un rempart aimant si puissant que la jeune fille le vit comme un enfermement. Alors que tout s’effondre, Alpha s’éveille pourtant à l’amour, à la liberté et au désir.
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En travaillant seule sur le scénario de cette intrigue qui la touche de près, la réalisatrice s’est pris les pieds dans son tapis créatif. En voulant déguiser à outrance la vérité de ses sentiments, Alpha multiplie les crises de larmes, les engueulades bruyantes et les dialogues maladroits. En mélangeant le teen-movie, la chronique familiale, le film horrifique et le « body horror » paranoïaque, Alpha se métamorphose en un « film chaos ». O.D
Princesse Mononoké - À (re)voir
Film d’animation/Fantastique de Hayao Miyazaki - 2h15
Princesse Mononoké, le film d’animation des Studio Ghibli, se refait une beauté dans les salles obscures, presque trente ans après sa sortie. Le long-métrage de Hayao Miyazaki sera présenté pour la première fois en 4K et en IMAX afin de mettre à l’honneur la splendeur des décors peints à la main. Chef-d’œuvre visuel et sonore, cette épopée fantastique se déroule au Japon, au XVe siècle. Jadis protégée par des animaux géants, la forêt se dépeuple à cause de l’homme. Blessé par un sanglier rendu fou par les démons, le jeune guerrier Ashitaka quitte les siens et part à la recherche du dieu-cerf qui seul pourra défaire le sortilège qui lui gangrène le bras. Au cours de son voyage, Ashitaka rencontre Lady Eboshi, à la tête d’une communauté de forgerons, qui doit se défendre contre ceux qui lui reprochent de détruire la forêt pour alimenter ses forges. Parmi ses pires ennemis se trouve San, une jeune fille sauvage élevée par des loups, aussi appelée Princesse Mononoké.