Dès l’aube, des grappes de fidèles se sont pressées sur les rives du Gange, de la Yamuna et de la Sarasvati pour le premier jour de la Kumbh Mela 2025. Organisé tous les douze ans, ce pèlerinage sacré est un moment clé dans la tradition hindoue, où le bain dans les eaux sacrées est censé purifier les âmes et libérer du cycle des réincarnations. «C’est une grande joie», s’exclame Surmila Devi, 45 ans. Pour moi, c’est comme de me plonger dans un nectar. »
Un pèlerinage d’envergure historique
Près de 400 millions de personnes sont attendues entre le 13 janvier et le 26 février. Ce chiffre impressionnant surpasse les 240 millions de fidèles recensés en 2019 et met en lumière l’ampleur de cette édition. En comparaison, le pèlerinage annuel musulman de La Mecque a rassemblé 1,8 million de fidèles en 2024. Le Premier ministre indien Narendra Modi a salué cette célébration, la décrivant comme une « confluence sacrée de foi, de dévotion et de culture », dans un message posté sur son compte X (anciennement Twitter).
Des infrastructures à la hauteur du défi
Pour accueillir cette foule colossale, les autorités ont déployé des moyens logistiques impressionnants : 150.000 toilettes, 68.000 lampadaires et une ville éphémère de tentes, couvrant une surface équivalente aux deux tiers de Manhattan. Dès le week-end précédant l’ouverture officielle, une foule compacte de pèlerins, venus de toute l’Inde et de l’étranger, s’est installée. Jaishree Ben Shahtilal, venue du Gujarat après trois jours de bus, confie : «J’attendais ce moment depuis si longtemps.» Même l’étranger est représenté, avec des participants comme Sonali Bandhyopadhya, qui a voyagé en avion depuis le Nevada, aux États-Unis.
Le long des berges, les tambours résonnent et les processions se succèdent. Éléphants parés, statues de divinités transportées sur des tracteurs, et ascètes recouverts de cendres participent à cette grande fête spirituelle. Chandrakant Nagve Patel, 56 ans, raconte son expérience : «Une fois dans l’eau, je ne sens même plus le froid. C’est comme si je ne faisais plus qu’un avec Dieu.»
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Un rendez-vous unique au monde
Malgré l’organisation méticuleuse, la gestion des foules reste un défi. Les premières disparitions ont été signalées dès le début des festivités. Le sari encore humide, Bihar Sushila est partie à la recherche de sa fille. «Je sais qu’elle n’est pas loin mais je ne la vois plus», s’est-elle inquiétée. La police indienne a déployé d’importants effectifs pour assurer, selon un porte-parole, «une sécurité maximale» aux pèlerins pendant six semaines.
Inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco, la Kumbh Mela est bien plus qu’un simple pèlerinage : elle incarne l’âme spirituelle et culturelle de l’Inde. Dans une atmosphère de foi et de célébration, les pèlerins s’immergent, convaincus que cette expérience sacrée les rapproche de l’immortalité. L’écho de ce rendez-vous planétaire résonne bien au-delà des rives du Gange.
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