Guerre en Ukraine : sur le front, la lassitude des soldats et l’exode des civils face aux bombardements de drones russes

Pokrovsk, Kramatorsk, Koupiansk (Ukraine), correspondance particulière.

Tous feux éteints, un pick-up japonais bringuebalant entre dans la cour d’une vieille maison abandonnée depuis des mois. À une vingtaine de kilomètres du front de Pokrovsk, une équipe de dronistes de la 59e brigade y a installé sa base arrière.

À la lumière des lampes frontales, toute l’équipe se presse d’installer sur le toit de la cabine le système de brouillage anti-drone. Le véhicule est prêté par une section d’infanterie ; le précédent a été détruit par un drone kamikaze lors de la dernière sortie. On charge rapidement le ravitaillement : nourriture, essence, bombes artisanales. Plus de cent kilos d’explosifs sont à bord.

Mezhova, ville abandonnée sous le feu des drones

Maxime ajuste sa vision nocturne, s’installe au volant et lance à fond sa playlist de rap ukrainien. C’est parti pour dix longs kilomètres dans la campagne déserte. Le trajet prendra plus d’une heure sur les chemins de terre défoncés.

Défileront au loin les lueurs orangées des explosions de drones, pendant que le ciel s’illuminera de pointillés rouges laissés par des balles traçantes de la défense aérienne.

Soudain, on distingue la carcasse d’un immeuble noirci par un incendie. « C’est Mezhova, arrivée dans dix minutes. Au signal, tout le monde descend et court vers l’entrée du bunker », ordonne Maxime.

Enfouis à deux mètres sous terre, le chef de poste « Рараї » et ses collègues, Sergii...