Rugby : les joueuses du Stade français demandent la démission d’un dirigeant après des propos sexistes et lesbophobes
Les joueuses du Stade français ont pris collectivement la parole, jeudi 22 mai, pour dénoncer l’inertie de leur club de rugby face aux témoignages accusant le (provisoirement) ancien directeur sportif de la section féminine d’avoir tenu de multiples propos lesbophobes et sexistes contre plusieurs joueuses et une dirigeante. « Ces paroles (…) ne sont pas de simples dérapages : elles participent à un système de domination et d’exclusion », affirme le communiqué des joueuses publié sur les réseaux sociaux, qui appelle à la « démission immédiate du directeur sportif de toutes ses fonctions au sein du Stade français » et critique « l’inaction et les tentatives de dissimulation » du bureau de l’association qui gère leur équipe.
L’affaire a été révélée, le 16 mai, par un article de Mediapart dans lequel Laura, ancienne joueuse de 27 ans et directrice bénévole de l’équipe féminine, ainsi que d’autres témoins font état d’insultes répétées. « C’est dommage que tu sois une bouffeuse de chatte, comme tes coéquipières » ou encore « elles feraient mieux de coucher avec des mecs que de se doigter entre elles, elles seraient moins chiantes », figurent parmi les propos rapportés au média en ligne.
« Notre parole est collective et déterminée »
Ces accusations, précédemment signalées aux instances du club, ont donné lieu à une enquête interne suivie d’un blâme. Mais le dirigeant, après sa mise à pied provisoire, a aussi fait son retour à un poste différent et le caractère sexiste et homophobe des propos incriminés – que le mis en cause réfute avoir tenu – n’a pas été retenu par le bureau exécutif, rapporte Mediapart. Et si le directeur sportif a bien été mis un temps en retrait, « le président Philippe Jaulin aurait décidé de renouveler (son) contrat pour la saison 2025-26, et de lui confier de nouveau la section féminine », précise le journal en ligne.
Sans doute, la goutte de trop pour les joueuses qui rappellent qu’à « leur connaissance aucune d’entre elles n’a été entendue lors de l’enquête interne ». De son côté, Laura a également réalisé un signalement auprès de la Fédération Française de Rugby (FFR) en décembre – une procédure encore « en cours de traitement par le service juridique », a indiqué à Mediapart l’organisme qui a saisi le conseil de discipline du rugby français- et a déposé plainte dans un commissariat en mars.
« Nous sommes dans l’incompréhension totale face au manque de soutien de la part du bureau de l’association », dénonce le communiqué des Pink Rockets, qui exige également « la garantie qu’aucune mesure de rétorsion ne sera prise à l’encontre des personnes ayant témoigné, dénoncé ou exprimé leur soutien ».
« Notre parole est collective et déterminée. Elle s’inscrit dans un combat plus large mené par de nombreuses femmes dans le monde du sport pour que les terrains ne soient plus des lieux d’oppression mais des espaces sains pour les athlètes féminines », concluent-elles, appelant « toutes les victimes à se faire entendre et à dénoncer les discriminations qu’elles subissent ».
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