La dette de la France atteint le niveau stratosphérique de 3303 milliards d’euros
L’« Himalaya » que le nouveau premier ministre François Bayrou s’apprête à gravir ne cesse de s’élever. La dette publique de la France atteignait 3303 milliards d’euros au troisième trimestre 2024, soit 113,7% du PIB, selon les estimations de l’Insee publiées ce vendredi. Son niveau le plus élevé jamais atteint en valeur absolue, et le plus haut depuis début 2022, en pourcentage, donc.
Sur les trois mois qui viennent de s’écouler, la dette a augmenté de «71,7 milliards d’euros», contre 69 milliards d’euros au second trimestre, calcule l’Insee. Une hausse principalement due à la dette de l’Etat, qui a bondi de près de 60 milliards d’euros, selon les statisticiens nationaux. Parallèlement, la dette des administrations de sécurité sociale a aussi augmenté, de même que celle des administrations publiques locales, «légèrement». Pour rappel, au premier trimestre, elle s’élevait déjà à 3159,7 milliards, puis à 3228,4 milliards au deuxième, soit 112% du PIB.
Rien de bien surprenant, au regard de l’ascension fulgurante à laquelle nous assistons depuis le début des années 2000. À 1082 milliards d’euros début 2004, notre dette publique a plus que triplé en vingt ans. Et le rythme s’accélère : en seulement sept années sous la présidence d’Emmanuel Macron, elle s’est alourdie de plus de 1000 milliards d’euros. La crise du Covid et le «quoi qu’il en coûte» sont bien sûr passés par là, cependant la France est le seul pays d’Europe qui n’a pas réduit sa dette depuis, a rappelé en guise d’avertissement le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans Le Figaro . Seules la Grèce et l’Italie font pire, lorsque l’on mesure la dette rapportée au PIB, selon les données Eurostat.
Le pic de la dette atteint en 2027 ?
Sous l’effet, entre autres, de l’alourdissement de la charge de la dette, les finances publiques poursuivent leur dérapage. Il revient au nouveau gouvernement de contenir le déficit public en 2025, alors que celui-ci s’élève à 162,4 milliards d’euros en 2024, soit 6,2 % du PIB. Si François Bayrou s’inscrit dans les pas de son prédécesseur, ce déficit pourrait être maintenu dans la zone «acceptable» des 5 % en 2025. Et si les projections du précédent gouvernement, validées par la Commission européenne, se concrétisaient, la France repasserait sous la barre des 3% en 2029. Mais la trajectoire de la dette, elle, ne serait pas aussi vite corrigée. Elle devrait s’élever à 112,8% en 2024 selon l’Insee, jusqu’à atteindre le pic de 116,5% en 2027. Puis, si aucune faute de carre n’est commise, elle devrait entamer sa décrue pour revenir à 115,8% en 2029.
La France, qui profitait jusqu’alors de son poids économique au sein de la zone euro pour s’éviter une cure de minceur, n’a plus le choix. Les agences de notation l’attendent au tournant. Si elle ne prend pas effectivement le chemin de l’assainissement de ses finances à court et moyen terme, la note de sa dette sera dégradée, passant de la catégorie AA- à A+. Certains investisseurs s’interdisant de détenir des obligations en dessous de ce seuil, une baisse mécanique de la demande se produirait, rendant toujours plus lourde la charge de la dette. Or l’Agence France Trésor doit déjà emprunter 300 milliards d’euros en 2025, un montant encore jamais atteint.