Guerre Israël-Iran : la GBU-57, cette bombe anti-bunker qui pourrait détruire le site de Fordo
Cinquième jour d'escalade meurtrière entre Israël et l'Iran. Face à la difficulté de frapper l'un des sites nucléaires iraniens enterrée sous une montagne, Israël lorgne une arme ultrapuissante qu'elle ne possède pas : la bombe américaine anti-bunker. Si les États-Unis décident d'apporter un soutien plus direct à leur allié israélien, sa livraison pourrait changer la donne. France 24 fait le point.
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Qu'est-ce qu'une bombe anti-bunker et comment fonctionne-t-elle ?
Le terme "bombe anti-bunker" désigne des munitions conçues pour pénétrer profondément sous terre avant d'exploser. Dans ce contexte précis, il s'agit de la GBU-57 A/B, également appelée MOP (pour "Massive Ordnance Penetrator", ou pénétrateur d'artillerie massive en français) : une bombe d'environ 13,6 tonnes capable de percer jusqu'à 61 mètres de roche ou de béton avant d'exploser.
Guidée avec précision, cette bombe peut être larguée en salve pour creuser toujours plus profondément afin de neutraliser des tunnels ou bunkers enfouis et renforcés, selon l'US Air Force. Si elle ne contient pas de charge nucléaire, son utilisation pourrait, en frappant le site de Fordo, libérer des matières radioactives, selon les experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui a confirmé que l'Iran produit de l'uranium hautement enrichi à Fordo.
Cependant, l'AIEA ajoute que d'anciennes frappes israéliennes sur le site de Natanz - principal site d'enrichissement d'uranium iranien - n'ont provoqué de contamination que sur la zone ciblée, sans affecter l'environnement proche.
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Qui peut utiliser une bombe GBU-57 A/B ?
Théoriquement, la bombe GBU-57 A/B peut être larguée par tout bombardier capable de transporter son poids. Mais à ce jour, seul le B-2 Spirit – avion furtif de l'US Air Force – est configuré pour ce type de mission, selon l'armée de l'air américaine.
Fabriqué par le géant américain de l'aéronautique Northrop Grumman, cet avion peut transporter une charge utile de 18 tonnes. Il a déjà été testé avec succès en emportant deux bombes à la fois, soit plus de 27 tonnes de charge. Avec une autonomie de plus de 11 000 km sans ravitaillement, et jusqu'à 18 500 kilomètres avec un ravitaillement en vol, le B-2 peut atteindre n'importe quelle cible dans le monde en quelques heures, selon le constructeur.
Si Fordo doit être frappée par une bombe anti-bunker, l'implication directe des États-Unis, au moins logistique, serait ainsi quasiment indispensable. Interrogé lors du sommet du G7 au Canada sur la possibilité d'une intervention militaire américaine, Donald Trump a éludé la question, se contentant de déclarer : "Je ne veux pas en parler".
Pourquoi le site de Fordo est-il une cible stratégique pour Israël ?
Située à environ 95 kilomètres au sud-ouest de Téhéran, près de la ville de Qom, Fordo est la deuxième principale installation d'enrichissement d'uranium d'Iran après Natanz. Sa construction aurait débuté en 2007, mais l'Iran n'a admis son existence auprès de l'AIEA qu'en 2009.
Le site est enfoui à quelque 80 mètres sous la roche et la terre, et protégé par des systèmes de défense aérienne iraniens et russes. Il a été visé par des frappes israéliennes, mais "aucun dommage n'a été constaté", a déclaré l'AIEA mardi.
Selon l'AIEA, Fordo est aujourd'hui utilisée pour produire de l'uranium hautement enrichi, ce qui en fait une cible de choix pour Benjamin Netanyahu, qui considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle pour Israël. "Toute cette opération ne pourra être considérée comme achevée qu'avec l'élimination de Fordo", a déclaré vendredi Yechiel Leiter, ambassadeur d'Israël aux États-Unis, sur Fox News.
Avec AP