En lutte contre le racisme systémique et le manque d’hébergements à Paris, les jeunes du parc de Belleville occupent la Gaîté lyrique
Ils ne veulent plus avoir à dormir dans la rue, faire face aux démantèlements réguliers de leur habitation de fortune par la police ou conjuguer avec le froid et la faim. Ce mardi 10 décembre, plus de 200 mineurs isolés se sont mobilisés, afin que la mairie de Paris entende enfin leurs alertes. Fédérés par le collectif des jeunes du parc de Belleville, ces jeunes sans hébergement ont profité d’une conférence, intitulée « Réinventer l’accueil des réfugiés en France » et organisée à la Gaîté lyrique par la Fondation Croix-Rouge, pour investir les lieux.
Les vidéos et photos se sont multipliées sur les réseaux sociaux, peu après le lancement de l’opération. On y voit plusieurs dizaines de militants postés dans le hall de l’édifice culturel parisien, banderoles en main et en train d’entonner leurs revendications, comme : « Qu’est-ce qu’on veut ? Un toit. »
« Nous serons forcés de repasser à l’action »
Avec cette action, le collectif et ses soutiens comptent presser la municipalité dirigée par la maire socialiste Anne Hidalgo de prendre en considération le problème du manque de logements. Mais aussi de mettre en place une politique d’inclusion sociale, alors que le collectif des jeunes du parc de Belleville milite pour une convergence des luttes, de l’antiracisme à la lutte contre la pauvreté, en passant par un accueil digne des immigrés et l’antifascisme.
« Nous avons donné une dernière chance à Madame Hidalgo de nous recevoir, annonçaient-ils ainsi dans un spot vidéo diffusé sur leurs réseaux sociaux, un jour avant d’investir la Gaîté lyrique. Sans retour de sa part, nous serons forcés de repasser à l’action. » En guise d’avertissement, le collectif s’est rendu, lundi 9 décembre, au « Procès fictif des droits de la Seine », événement organisé par la mairie de Paris, des associations et des professionnels du monde juridique, au théâtre de la Concorde. L’objectif de la soirée était de mettre en évidence, par un faux procès, le manque de protection juridique pour l’écosystème de la Seine. La maire de Paris, Anne Hidalgo, en a alors profité pour annoncer l’organisation d’une convention citoyenne sur les droits de la Seine, en février 2025.
C’est à cette occasion que les jeunes du parc de Belleville ont interpellé l’élue socialiste, « pour lui rappeler que des centaines de jeunes dorment sur ses quais », fustige le collectif dans un communiqué. Leur intervention restera lettre morte. « Applaudi par toute la salle, cela n’a pas suffi à obtenir une rencontre avec Mme la maire, ni à obtenir des solutions d’hébergements », regrettent les porte-paroles présents au théâtre de la Concorde.
L’occupation de la Gaîté lyrique devrait être maintenue par le collectif jusqu’à ce que la Ville de Paris daigne entrer en contact avec le collectif. « Nous l’avons déjà montré à plusieurs reprises, préviennent ces derniers. Nos actions ont permis à environ 800 jeunes d’être mis à l’abri. » Ils ajoutent : « Avec plus de 215 jeunes à l’intérieur du lieu, deux femmes enceintes, un bébé de 18 mois, sans chauffage ni repas pour demain, l’inaction de la municipalité est responsable. »
Pour remédier aux difficultés matérielles d’un tel mouvement de lutte, le collectif des jeunes du parc de Belleville en a appelé au soutien « des militant.e.s, des syndicats, des associations, des collectifs », afin de recevoir des aliments non périssables, des serviettes hygiéniques et de quoi combattre le froid. « Soutien aux mineurs isolés du parc Belleville, qui occupent La Gaîté Lyrique pour obtenir un hébergement (…) Ces jeunes abandonnés à la rue sont en danger, a réagi la députée insoumise (17e circonscription de Paris), Danièle Obono, sur X. Il est de votre (la mairie de Paris) responsabilité de trouver une solution pérenne. »
En attendant un retour de la Ville de Paris, le collectif ne compte pas relâcher la pression. Outre l’occupation de la Gaîté lyrique, qui pourrait se prolonger, les jeunes du parc de Belleville ont rejoint l’appel à la mobilisation, du samedi 14 au mercredi 18 décembre dans toute la France, à l’occasion de la Journée internationale des Migrant.e.s. Enfin, un « meeting international de mobilisation » sera organisé le 18 décembre prochain, avec l’espoir d’atteindre une nouvelle dimension dans la lutte contre le racisme systémique.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
- En exposant la violence patronale.
- En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.