Le premier ministre maintient une ligne volontariste pour retrouver la maîtrise des comptes publics. Dans son discours tenu ce mardi lors de la «conférence nationale sur les finances publiques», visant à dresser un état des lieux des finances publiques, François Bayrou a réitéré l’engagement du gouvernement à faire repasser le déficit public, qui a atteint 5,8% du PIB en 2024, sous la barre des 3% en 2029. Car, «contrairement à ce que l’on a beaucoup entendu dire, ce chiffre des 3% n’est pas un chiffre au doigt mouillé, a insisté l’ancien enseignant. C’est le seuil en deçà duquel la dette n’augmente plus.» Celle-ci atteignait plus de 3300 milliards en 2024, soit 113% du PIB, et va continuer de progresser ces prochaines années.
Mais la pente est raide pour revenir dans les clous budgétaires européens. Visuel à l’appui, le maire de Pau a exposé la trajectoire qui devra théoriquement être suivie pour parvenir à un déficit équivalent à 2,8% du PIB en 2029. Cette trajectoire ambitieuse est supposée permettre à la dette d’atteindre son pic en 2027, à 118,1% du PIB, pour revenir à 117,2% en 2029.
L’objectif 2025, à 5,4%, reste inchangé, et ce malgré les difficultés à le tenir, qui impliquent que 5 milliards d’euros soient annulés, repoussés ou réorientés. L’affaire se corse véritablement à partir de 2026, avec un objectif de 4,6%. Car à la différence de son prédécesseur Michel Barnier, qui souhaitait fournir le suprême effort en 2025 en abaissant le déficit à 5% du PIB avant de le faire passer également à 4,6% en 2026 (soit 0,4 point de baisse), la marche est bien plus haute pour Bayrou.
40 milliards à trouver en 2026
Ayant dû consentir des ambitions moindres que le Savoyard pour 2025, le Béarnais doit doubler l’effort l’année suivante, de 0,8 point. D’où le chiffrage monumental des économies à trouver en 2026 qui a été annoncé par le ministre de l’Économie Éric Lombard dimanche, de 40 milliards d’euros. Dans le plan de Michel Barnier - s’il était parvenu à rester au pouvoir -, l’échelonnement aurait donc été plus «doux» dès 2026. La tâche est d’autant plus ardue pour les services de Bercy que François Bayrou a précisé, à destination de ceux qui préféreraient actionner le levier fiscal, qu’il était «intenable» d’«augmenter les prélèvements». Les «grands choix» pour le projet de loi de finances 2026 seront connus avant le 14 juillet, a-t-il précisé.
La marche à franchir en 2027, toujours selon le plan annoncé par le gouvernement, devrait être relativement moins impressionnante, à 4,1% du PIB (soit 0,5 point de baisse), contre 4% dans le plan de Barnier. Puis les choses se compliquent de nouveau en 2028, avec une réduction à 3,4%, soit une baisse particulièrement forte de 0,7 point. À cet horizon plus lointain, le gouvernement peut miser sur un retour de la croissance, alimentée par un retour de la consommation, elle-même encouragée par la baisse de l’inflation sous l’effet de la politique de baisse des taux de la Banque centrale européenne. François Bayrou espère aussi que, d’ici là, sa politique de «refondation de l’action publique» via «une véritable remise à plat des missions et des budgets de nos administrations» aura porté ses fruits.