À Tokyo
«Imaginez-vous un immeuble à la place de ce carré de pelouse?» Haruyo Inoue est une syndic de l’au-delà. Depuis 2005, son ONG Ending Center prend en charge les Japonais esseulés avant et après leur trépas. Quand ils décèdent, ses membres se retrouvent dans son cimetière, par centaines, formant de petits lotissements invisibles. «Il faudrait une sage-femme de la mort», philosophe-t-elle devant son beau cimetière couvert de cerisiers à Machida, une banlieue de Tokyo. Une remarque qui donne une idée du déclin démographique de son pays et, en corollaire, de la solitude qui enserre les vivants.
Triste cinquantenaire. En 1974, le taux de fécondité des Japonaises passait sous la barre de 2,07 enfants par femme, seuil qui permet le renouvellement des générations. Depuis, il franchit une à une les bornes de son déclin. Sous l’œil des démographes, la proverbiale pyramide des âges, à la base jadis stable, se retourne comme un sablier. «Plus de 470 écoles primaires et lycées publics et plus de…