Harcèlement sexuel, manipulations politiques, compromissions... Le livre sur Meta et Facebook cartonne aux États-Unis

En 2017, Mark Zuckerberg avait conclu un accord avec l’auteure pour qu’elle ne dénigre pas l’entreprise lors de son départ. DREW ANGERER / AFP

Sarah Wynn-Williams, cadre pendant six ans dans le groupe de Mark Zuckerberg, raconte les dessous de cette société pas comme les autres dans Careless People.

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Le livre d'une ancienne employée de Meta, qui présente plusieurs dirigeants du groupe, dont Mark Zuckerberg, sous une lumière défavorable, pointe en tête des ventes aux États-Unis, malgré les tentatives du géant des réseaux sociaux pour empêcher sa sortie. Careless People (« Des gens indifférents ») a été écrit par Sarah Wynn-Williams, ancienne responsable des principes et des pratiques (policy) au sein de Facebook, devenu depuis Meta, qui a quitté l'entreprise en 2017.

Elle y dépeint notamment Mark Zuckerberg comme un dirigeant froid, imprévisible, devenu imbu de lui-même, en quête de popularité et d'attention. Le patron de Meta est aussi décrit comme prêt à transiger avec les autorités chinoises dans le but d’être accepté sur le marché chinois, notamment la création d’outils permettant de censurer les contenus afin d’apaiser Pékin - des plans qui n’ont pas été mis en œuvre. Elle explique encore comment la société aurait dépêché des employés dans l’équipe de campagne de Donald Trump pour l’élection de 2016.

Sarah Wynn-Williams évoque également les comportements inappropriés de la part de Joel Kaplan, ancien membre du parti républicain qui a pris la tête des Affaires internationales de Meta. Elle raconte comment Sheryl Sandberg, ex-numéro 2 de Facebook, aurait demandé à son assistante de 26 ans d’acheter pour 13 000 dollars de lingerie. Ou ce vol en jet privé où, durant lequel sa supérieure hiérarchique lui aurait demandé de «venir se coucher» avec elle...

Meta saisi le tribunal pour arrêter la diffusion du livre

Le livre a atteint jeudi le sommet de la liste des ventes établie par le New York Times pour les œuvres non fictionnelles. Sur le site d'Amazon, il s'affiche en quatrième position tous styles confondus. L'auteure néo-zélandaise y évoque aussi des écarts de conduite de Joël Kaplan, à la tête des Affaires internationales de Meta, qui peuvent s'apparenter à du harcèlement, moral et sexuel. Le groupe a saisi, en urgence, un tribunal arbitral, qui a estimé que Sara Wynn-Williams devait arrêter de promouvoir son ouvrage en attendant que l'affaire soit examinée sur le fond. Meta s'appuie sur un accord amiable conclu avec Sarah Wynn-Williams sur les conditions de son départ, en 2017, dans lequel elle s'engageait à ne pas dénigrer son ancien employeur. Mais, malgré la décision arbitrale, l'éditeur, Flatiron Books, filiale du groupe Macmillan Publishers, a refusé d'arrêter la diffusion ou la promotion du livre. Il est commercialisé depuis le 11 mars. Un porte-parole de Meta avait indiqué sur les réseaux sociaux que l'ancienne employée avait « été licenciée en raison de ses mauvaises performances et de son comportement toxique », en affirmant qu'une « enquête menée à l'époque a révélé qu'elle avait fait des allégations trompeuses et infondées ». « Son livre est un mélange de vieilles affirmations et de fausses accusations », avait-il ajouté.