François-Xavier Bellamy saisit la Commission européenne à la suite de révélations sur la Grande Mosquée de Paris
François-Xavier Bellamy, député européen, a saisi «la Commission européenne, chargée du fonctionnement du marché intérieur» ce mardi pour qu’elle «mette fin sans délai» à un système de certification halal délivrée par la Grande Mosquée de Paris, révélé par l’Opinion . «La presse révèle que la Grande Mosquée de Paris, liée à l’Algérie, fait payer toutes les entreprises européennes qui veulent exporter vers ce pays, pour des certificats halal par ailleurs inexistants», écrit-il sur X. «Ce système impose des millions d’euros par an aux agriculteurs et aux industriels dans nos pays, et pose, dans le contexte actuel, un vrai problème de sécurité». Matthias Renault, député RN de la Somme, a également saisi la procureure de la République de Paris.
L’ancienne tête de liste des Républicains réagit à la publication d’une longue enquête du quotidien libéral L’Opinion. Celle-ci révèle la mise en place depuis 2023 d’un système, très opaque, qui assure d’importants revenus à l’institution islamique, traditionnellement proche de l’Algérie. Pour ce faire, elle a créé une société, «Grande Mosquée de Paris - certification halal», dont le siège social se situe à la Grande Mosquée et qui n’emploie que trois salariés, sous le patronage de Chems-Eddine Hafiz, également ... recteur de la Grande Mosquée de Paris. Cette entreprise est chargée, par les autorités d’Alger, de délivrer une certification halal à de nombreux produits importés de l’Union européenne. Pas seulement la viande, mais aussi les produits laitiers, les biscuits, le chocolat, l’huile, et même des préparations pour nourrissons...
«Argument de campagne pour Marine Le Pen»
Cette société, selon l’enquête, impose des taux variant entre 0,02 euro et 0,10 euro en fonction des produits. Un chiffre à mettre en relief avec l’importance des échanges commerciaux entre l’Union européenne et l’Algérie, qui importe par exemple 55.000 tonnes de yaourts et produits laitiers en 2023. «Cela nous amène très rapidement à une somme de 2,2 millions d’euros», selon le quotidien. Pourtant, le chiffre d’affaires déclaré à l’administration fiscale s’élève, pour 2023, à seulement ... 1,7 million d’euros. En sus, si l’institution musulmane travaille avec le laboratoire bioMérieux, de nombreux industriels ont rapporté au quotidien n’avoir subi aucun contrôle.
«Il est anormal de conditionner les exportations européennes au versement d’une forme de taxe qui ne dit pas son nom, et il est anormal qu’elle aille à une entreprise privée», explique François-Xavier Bellamy au Figaro. «Si aucune mesure de certification n’est effectuée, c’est donc un simple règlement qui fait office de quitus. Enfin, il faut s’interroger sur ce que devient cette rente».
Ce système, qui apporte donc de confortables revenus à la Grande Mosquée, a attiré l’attention de l’ancien commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis qui s’en est ému après des autorités algériennes. Une réunion avec les représentants de la Commission européenne a eu lieu le 11 décembre sur les prix, les délais de certification et la réalité des contrôles. « À ce jour, aucune entreprise européenne bénéficiant de la certification de la Grande Mosquée de Paris ne s’est plainte des prestations réalisées en temps, en heure et en qualité», a répondu Chems-Eddine Hafiz, dans un communiqué consulté par l’Opinion. Une procédure de règlement des différends a pourtant été engagée par la Commission européenne à la demande de la direction générale du Trésor en France.
Toutefois, reste à comprendre le silence de la France à ce sujet. D’abord, le ministère de l’agriculture ne veut pas déstabiliser la filière halal, en forte expansion économique. «Si on faisait la vérité des chiffres sur la part du halal en France, on servait un argument de campagne à Marine Le Pen», a-t-on expliqué à l’Opinion à l’Élysée. Ensuite, bien que la DGSE, les services secrets français, a été alertée, le statut extraterritorial de la Grande Mosquée de Paris la protège. En sus, elle sert également de plateforme de discussion avec l’Algérie, avec laquelle de nombreux sujets dont le terrorisme et l’immigration peuvent faire l’objet d’un chantage. «Tant que les rapports avec Alger étaient relativement apaisés, ces zones d’ombre étaient tolérées», explique l’article. L’emprisonnement de l’écrivain Boualem Sansal, ainsi que les propos controversés de nombreux influenceurs algériens a permis aux langues de se délier. «Il y a donc un enjeu de sécurité, à la vue comportement de l’Algérie à l’encontre de la France. Savoir ce que devient cet argent est essentiel», conclut François-Xavier Bellamy.