Envoyée spéciale à Kigali
Au printemps 1994, comme des centaines de milliers de Hutus, le père de Valens Ndanzineza a participé au génocide perpétré contre 1 million d'hommes, de femmes et d'enfants de l'ethnie Tutsi. Alors, en mai de la même année, sa famille a fui le Rwanda pour éviter les représailles. Avant de pouvoir revenir s'installer dans son village natal, Gateko, Valens a vécu plusieurs mois dans un camp de réfugiés en République démocratique du Congo. « À l'école, on chuchotait, à mon passage, que mon père était un tueur », se rappelle Valens. Au fil du temps, il a appris à vivre avec l'héritage des atrocités commises par son père. Mais chaque année, du 7 avril au 17 juillet, il revisite son passé lors des cérémonies commémoratives officielles du génocide.
Il y a trente ans, le 6 avril 1994, un avion est abattu en plein vol. À bord, deux chefs d'État : le président rwandais Juvénal Habyarimana, qui est de l'ethnie Hutu, et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira. Le…