«La France dans un état de dérive inquiétant» : la chute annoncée de François Bayrou scrutée par les journaux du monde entier

Le 13 décembre 2024, le New York Times écrivait au sujet de la nomination de François Bayrou : «C’est une décision dont peu de gens s’attendent à ce qu’elle stabilise la politique agitée de la France». Le discours n’a pas vraiment changé depuis, au contraire les prédictions du quotidien américain se confirment dans un article publié ce lundi 8 septembre, jour d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale qui devrait emporter le gouvernement : «C’est une France politiquement paralysée qui a eu quatre premiers ministres au cours des vingt derniers mois et semble sur le point d’en ajouter un cinquième. [...] La France se trouve dans un état de dérive inquiétant depuis qu’Emmanuel Macron a convoqué des élections législatives anticipées en juin 2024. un autre geste apparemment capricieux qui a bouleversé la politique française.»

Le journal américain fait notamment référence aux problèmes budgétaires qui paralysent le pays. Le Washington Post évoque pour sa part, une situation plus que délicate pour Emmanuel Macron : «Il a promis de rester jusqu’à la fin de son mandat, mais risque de devenir un canard boiteux sur le plan intérieur si la paralysie politique persiste.»

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Une sortie préparée par Bayrou

Du côté des Allemands, la question se pose : un socialiste deviendra-t-il chef du gouvernement, titre le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung ? Ce dernier ajoute que le prochain premier ministre aura «la tâche de concilier les plans d’austérité de Bayrou de 44 milliards d’euros avec ceux des socialistes, qui ne veulent en sauver que la moitié.» Avant d’en conclure qu’il est «peu probable que le budget de 2026 soit à nouveau disponible d’ici le début de l’année.»

Le quotidien espagnol El Pais, imagine que la sortie de Bayrou est préparée car il veut écrire «sa propre histoire et éclaircir son avenir politique pour ne pas tomber comme son prédécesseur, Michel Barnier, qu’il estime humilié». Le journal partage sa vision d’un premier ministre français à la fin de sa carrière politique qui ne peut plus faire semblant de gouverner : «Avec ce vote, qui sera précédé d’un discours et dont il aurait lui-même pu imaginer l’issue lorsqu’il l’a appelé – parce que les partis l’avaient prévenu qu’ils voteraient contre.»

L’extrême droite aux portes du pouvoir ?

Même son de cloche du côté des Britanniques qui font remonter l’origine de la crise «à la décision, très mal comprise, de Macron de convoquer des élections anticipées en juin dernier», peut-on lire dans The Guardian  aujourd’hui. Le journal de centre gauche a laissé la parole au chercheur du Centre d’analyse des politiques européennes (CEPA) Paul Taylor qui imagine les scénarios plausibles si François Bayrou venait à chuter. Ce dernier, dans un article paru le 7 septembre explique : «Une crise politique prolongée ne fera qu’accroître le soutien à la droite nationaliste et anti-immigrés et discréditer davantage les partis traditionnels, blasés.» Il ajoute : «Le Pen et son jeune protégé Jordan Bardella semblent de plus en plus proches de la conquête du pouvoir.»

La BBC aussi rejette la faute sur le président Macron à l’origine de la précédente dissolution dont le résultat «fut l’exact opposé de la clarté. Les électeurs français sont de plus en plus mécontents de leur jeune président impétueux et éloquent». La radio britannique finit son article par un rappel du contexte qui est à l’origine du vote de confiance : «[Les électeurs français] se sont tournés vers les extrêmes, laissant Macron aux prises avec un gouvernement centriste minoritaire affaibli et un Parlement si divisé qu’aujourd’hui.»

Enfin, même aux confins de l’Asie et de l’Europe, l’actualité française ne passe pas inaperçue. En Turquie, le journal d’informations Anadolu Ajansi  reprend dans son titre le terme utilisé par le chercheur Nicolas Tenzer, qui évoque une «voie suicidaire» des dirigeants politiques français.