Les Aigles de la République, On vous croit, Les Rêveurs... Les films à voir cette semaine

La Bonne étoile - À voir

Comédie dramatique de Pascal Elbé - 1 h 40

En 1940, sous l’Occupation, une famille française décide de se faire passer pour juive afin de rejoindre la zone libre grâce à une filière de passeurs bien implantée. Sur ce postulat absurde, La Bonne Étoile de Pascal Elbé arrive à surprendre.

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Entre faux Juif et vrai corniaud, Poelvoorde agace autant qu’il touche. Son personnage, chanceux comme pas deux (d’où le titre), fait des tours de magie pour amuser les enfants, évite chaque chausse-trape par une grimace ou un bon mot, évolue entre comédie et tragédie sans jamais perdre tout à fait pied. Elbé permet surtout à Poelvoorde d’appuyer sur les stéréotypes de l’antisémitisme tout en les déboulonnant joyeusement. Avec son titre à double détente, La Bonne Étoile se présente sous les traits d’une farce historique, qui sur un ton burlesque démolit les préjugés.

Les Rêveurs - À voir

Comédie dramatique d’Isabelle Carré - 1 h 46

Pour son premier film, Isabelle Carré adapte son propre roman à l’écran avec tact et sensibilité. Elle raconte l’histoire d’une jeune fille nommée Élisabeth qui traverse une adolescence difficile en raison de la fragilité psychologique de sa famille.

Élisabeth, incarnée par Tessa Dumont-Janod, puis par Isabelle Carré en tant qu’adulte, trouve la force de se reconstruire à l’hôpital Necker où elle rencontre d’autres adolescents en détresse psychologique, comme Isker jouée par Mélissa Boros.

Le film montre comment l’art-thérapie, notamment le théâtre, aide Élisabeth à surmonter ses démons et à trouver sa destinée, avec l’aide de personnes comme Nicole Garcia, qui incarne une professeure de théâtre. O.D

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On vous croit - À voir

Drame de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys - 1 h 18

Le film de Charlotte Devillers et Arnaud Dufys aborde le sujet des violences familiales devant la justice de manière réaliste. L’histoire tourne autour d’Alice (Myriem Akheddiou) qui se bat pour garder la garde de ses enfants face à leur père (Laurent Capelluto).

Le film utilise une approche immersive, avec des scènes tournées en temps réel et en prise continue, pour montrer l’impact des traumatismes sur les personnages, notamment Étienne (Ulysse Goffin) et Lila (Adèle Pinckaers), les enfants d’Alice.

Tout sonne très authentique. Quand la lumière se rallume, on comprend alors que la fiction était la meilleure option pour traiter le sujet des violences sexuelles sur les enfants. Chaque détail a pu être ajusté sans exposer de véritables victimes. Comme la juge, on écoute attentivement. Mais on sort avec le soulagement de ne pas avoir à prendre de décision. F.V.

L’Incroyable femme des neiges - À voir

Comédie dramatique de Sébastien Betbeder - 1 h 42

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Bi-polaire : c’est ainsi qu’elle se présente. À la fois spécialiste de l’Arctique et dépressive. Les yétis se font rares, elle a perdu son job de chercheuse et son compagnon vient de la quitter après dix-huit de bons et loyaux services. Un docteur lui découvre une sale maladie. Dans ces cas-là, la solution consiste à retourner dans le chalet familial. Elle n’a prévenu personne. Quand elle s’en va, c’est la même chose. Elle ne se soigne pas, tape son histoire sur son ordinateur. Les habitants l’accueillent avec curiosité et bienveillance. Coline disparaît, toute seule, s’enfonce dans la blancheur.

Blanche Gardin porte la chapka avec panache et conviction. Elle trouve peut-être là son meilleur rôle. L’Incroyable Femme des neiges ne plaira pas aux agrégés du cinéma, aux rudes penseurs du travelling. Il cause un grand plaisir. On ne sait dans quelle boîte ranger son réalisateur Sébastien Betbeder. Il a son rayon à part. Sa caméra ne dort jamais. É.N. 

Aigles de la République - À voir

Drame de Tarik Saleh - 1 h 42

Fares Fares, l’interprète fétiche de Saleh, campe George Fahmy, un acteur riche et célèbre. Il roule en Jaguar, sort avec une fille qui a l’âge de son fils, laisse les ennuis à son agent blond peroxydé... Il se permet de refuser de jouer al-Sissi dans une production à la gloire du président. Le « Pharaon de l’écran », surnom désuet qui renvoie à l’âge d’or du cinéma égyptien, a des principes : « Je ne travaille pas pour le régime, tout ce qu’il touche pourrit et meurt ». Incarner un dictateur de petite taille est une autre bonne raison de décliner la commande. Un temps seulement. Il ne résiste pas longtemps à la pression et aux menaces. Il se retrouve bientôt sur le plateau de La Volonté du peuple dans le costume d’al-Sissi jeune...

Dans ce monde d’hommes corrompus et brutaux, ivres de pouvoir, deux très beaux personnages féminins émergent (Cherien Dabis, Zineb Triki). À la désillusion politique, Tarik Saleh ajoute une mélancolie existentielle. Le réalisateur dédie Les Aigles de la République, regard désabusé sur une société égyptienne en pleine régression, à ses quatre filles, condamnées comme lui à l’exil. É. S.

Six jours, ce printemps-là - À éviter

Drame de Joachim Lafosse - 1 h 32

Le film de Joachim Lafosse manque de suspense et d’âme. L’histoire suit une mère divorcée, Sana, et ses deux fils qui passent des vacances en cachette dans la villa de ses ex-beaux-parents sur la Côte d’Azur.

Le réalisateur, qui avait réussi avec L’Économie du couple, semble avoir échoué cette fois-ci, laissant le film sans tension ni passion. E.S.