Al Gore : "la révolution des énergies renouvelables est inarrêtable", même par Donald Trump

Une brise d'optimisme dans la bataille contre le changement climatique.  Rien ne peut arrêter le progrès des énergies renouvelables, assure Al Gore, ancien-vice président américain et co-lauréat du prix Nobel de la paix 2007 pour son engagement dans la lutte contre le réchauffement. "Même pas Trump, car l’électricité solaire, en particulier, est désormais de loin l’énergie la moins chère de toute l’Histoire", assure celui qui a donné une conférence à Paris sur les enjeux climatiques concoctée par son ONG, The Climate Reality Project.

Il y une décennie "l’électricité solaire et éolienne était moins chère que l’électricité produite par de nouvelles centrales à charbon dans seulement 1 % du monde.  Aujourd’hui, elle est moins chère quasiment partout sur la planète", fait-il valoir.

"Nous avons vu une baisse spectaculaire du coût de l’électricité solaire, de l'ordre de 75 %. L’électricité éolienne encore davantage. Le prix des batteries a baissé de 82 %. Nous constatons des progrès fantastiques dans l’économie de l’énergie propre", poursuit Al Gore

À voir aussi: Cliquez ici pour retrouver l'interview intégrale d'Al Gore en anglais par Marc Perelman

 

Pour Nicolas Berghmans, chercheur en politiques climatiques et énergétiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), "il est probable que les énergies solaire et éolienne vont continuer de croître, en tout cas certainement en 2025". Il estime que ces énergies "ont en effet un avantage économique certain" et que "des acteurs économiques voient dans les énergies renouvelables un levier important".

"Fore chéri, fore !"  

Mais quid du président Donald Trump, qui qualifie le réchauffement climatique de "canular" ? Depuis son retour à la Maison Blanche, le 47e président des États-Unis mène une guerre contre les énergies renouvelables. "Fore chéri, fore !", lançait le milliardaire le jour de son investiture, le 20 janvier, en reprenant un slogan pro-gaz de schiste maintes fois répété pendant sa campagne.

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Quelques jours plus tard, il retirait son pays, comme en 2017, de l'Accord de Paris sur le climat signés en 2015, dont l'objectif initial était de contenir le réchauffement climatique "nettement" en-dessous de +2 °C d’ici à 2100. Un espoir désormais hors de portée, préviennent de nombreux d'experts

"Le président Trump est arrivé au pouvoir déterminé à servir les intérêts de l’industrie fossile". Et "celle-ci représente malheureusement le groupe de pression économique le plus riche et le plus puissant de l’histoire du monde", souligne Al Gore. 

Le projet énergétique de Donald Trump repose sur une relance massive de la production d'énergies fossiles "Made in America", avec l'espoir affiché de faire chuter les prix de l'énergie. Un classique des politiques économiques : augmenter l'offre pour faire baisser les prix. 

Certes, "beaucoup veulent que les prix baissent, car c’est un moyen de réduire l’inflation", note Al Gore. Mais Donald Trump, "lui, appelle à faire baisser les prix à un point que les compagnies pétrolières elles-mêmes ne souhaitent pas. Car si le prix du baril de brut passe sous les 50 dollars le baril, beaucoup de producteurs refuseront de produire un pétrole aussi bon marché". 

"Donc, il y a certaines choses que Trump peut faire et d’autres qui dépassent ses capacités", résume l'ancien candidat démocrate à la présidentielle américaine de 2000.

Le puissant lobby des énergies fossiles

Au niveau mondial, les énergies renouvelables ont franchi un cap historique en 2017, notait Nicolas Berghmans dans un précédent entretien avec France 24 : depuis cette date, les investissements propres dépassent ceux opérés dans les énergies fossiles. 

Toutefois, dans un monde qui consomme toujours plus d'énergie, le renouvelable ne remplace toujours pas les énergies polluantes. Il vient les compléter. Une situation en cours d'amélioration, explique Nicolas Berghmans, au point que "le moment de bascule à partir duquel les énergies renouvelables vont réduire le recours aux énergies fossiles au niveau global n'est plus très loin." 

"La bonne nouvelle, c’est que nous savons ce qu’il faut faire, et nous avons toutes les technologies nécessaires pour résoudre cette crise (climatique), si nous parvenons à vaincre le pouvoir politique et économique du lobby des énergies fossiles", conclut Al Gore.