La production agricole face au changement climatique

Gérard Le Puill
En ce premier semestre de 2025, les conséquences du réchauffement climatique sont  préoccupantes pour l’agriculture en France. Depuis des semaines, elle subi des orages de grêles dans presque toutes les régions. A cela s’ajoutent les conséquences de la sécheresse dans la moitié nord du pays. Pour toutes ces raisons, les rendements agricoles seront souvent en baisse cette année.

Alors que les températures repartent à la hausse pour la troisième semaine consécutive en juin, ces derniers mois ont été marqués en France par des orages de grêle particulièrement dévastateurs. Dans plusieurs régions viticoles, ils ont causé de gros dégâts au moment de la formation des grappes de raisin. Les arbres fruitiers ont également souffert, de même que les cultures au sol dont le blé, le maïs, le tournesol, la betterave à sucre et certaines productions maraîchères. Les pertes de récoltes vont être importantes dans les zones frappées à plusieurs reprises ces derniers jours. Les orages de grêle furent nombreux et intenses de l’Aquitaine aux Alpes, en passant par le Massif central, la Bourgogne, le Jura et l’Alsace. Ce week-end, les télévisions ont montré de nouvelles images de destructions de cultures et de bâtiments, dont l’envol du toit d’un grand poulailler en Côte d’Or, avec la mort des milliers de poussins que l’on venait d’y faire entrer. 


Tandis que les pluies ont été insuffisantes ces derniers mois dans plusieurs régions, le temps chaud et sec annoncé pour cette semaine dans toute la France va encore freiner durablement la pousse de l’herbe, ce qui réduira la production laitière et augmentera le prix de revient de chaque litre de lait de vache, de brebis et de chèvre. Déjà en recul, le revenu des viticulteurs va se ressentir des conséquences des orages de grêle. Dans le département de la Gironde, la filière viticole est en difficulté, au point qu’une réunion de travail s’est tenue le 28 mai à l’initiative de la Chambre départementale d’agriculture avec les viticulteurs et leurs coopératives, les vignerons qui vendent leur production, les négociants, les syndicats agricoles, les restaurateurs, les organismes bancaires. Certes, le climat n’est pas la seule cause des difficultés de la profession. Une offre supérieure à la demande dans les vins d’entrée de gamme fait chuter les prix au départ des chais.

La grêle détruit le toit des serres et fait reculer la production

S’agissant des cultures de légumes et de fruits rouges sous serre, les dégâts causés par la grêle nécessitent des réparations dont les coûts seront très élevés, en plus d’un bilan carbone en forte hausse pour une production en recul. L’évolution du climat complique comme jamais la vie des agriculteurs et rend souvent leur revenu de plus en plus incertain. Voilà aussi pourquoi les initiatives de certains parlementaires visant à interdire en France certains produits de traitement des cultures autorisés dans les 26 autres pays membres de l’Union européenne ne sont pas de nature à préserver notre souveraineté alimentaire. En France désormais, seules les filières des céréales et des vins et spiritueux sont encore excédentaires dans notre balance commerciale. Mais leur excédent diminue.

Diffusée le lundi 2 juin à partir de 21H05 sur France 5, l’émission « Sale temps pour la planète » a montré que produire du lait à comté en Franche-Comté devient plus difficile au fil des ans en raison des sécheresses de plus en plus fréquentes qui font reculer la pousse de l’herbe, tandis que les chaleurs estivales sont de plus en plus mal supportées par les vaches laitières. Cette émission de France 5 a aussi montré une forte accélération du dépérissement des épicéas dans les massifs forestiers de la région. Elle est causée par le « scolyte » un insecte long de moins d’un centimètre qui s’introduit entre l’écorce et le bois pour pondre des œufs qui deviennent des larves dont l’activité freine considérablement la remontée de la sève, ce qui accélère le dépérissement des massifs forestiers.
Or la prolifération du « scolyte » est favorisée par des hivers de plus en plus doux et des étés de plus en plus secs. Dès 2020, l’Office national des forêts (ONF) faisait état de 20.000 hectares de forêts « scolytés » dans quatre régions de France dont la Franche-Comté. Le bilan de 2021 faisait monter le chiffre à 30.000 hectares environ. Les arbres attaqués par cet insecte doivent être abattus le plus vite possible afin contenir la contagion. Mais le prix de vente des troncs abattus tombe souvent autour de 10 euros le mètre cube contre un prix moyen de 50 euros pour le bois sain. Néanmoins certains des bois demeurent suffisamment sains pour être utilisés dans la charpente quand d’autres sont transformés en pâte à papier.

Cop 21 : les prévisions pour 2100 réalité en 2025 !

Alors que trop peu de pluies sont tombées depuis des semaines sur la moitié nord de notre pays, une sécheresse inhabituelle frappe la région des Hauts de France. Elle a rendue difficile la germination des graines de betterave à sucre, de maïs et de tournesol, tandis que les rendements de la pomme de terre seront aussi en recul. Il en ira de même pour les épis de blé qui ont du mal à se remplir en farine, tandis que les pommiers et les poiriers perdent une partie importante de leurs fruits, lesquels se détachent et tombent au sol, faute d’une alimentation suffisante en eau pour assurer leur croissance.
Il s’est écoulé moins de dix ans depuis la tenue de la Cop 21 sur le climat à Paris. Président de cette Cop et ministre des Affaires étrangères de la France à l’époque, Laurent Fabius fit inscrire dans le texte final un objectif de réchauffement planétaire global de +2°C à ne pas dépasser en 2100. Il fit ensuite ajouter dans le texte le chiffre de +1,5°C à ne pas dépasser si possible, dans le seul but de le faire adopter par les 195 Parties présentes à cette Cop 21. Le président Hollande et Laurent Fabius voulaient que cette conférence soit vue comme un succès diplomatique pour la France. Mais le + 1,5°C retenu pour 2100 à Paris en 2015 test en train d’être dépassé sur le continent européen en 2025 !
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, était l’invitée de France-info ce lundi matin à 7H45. Elle a été interrogée les frappes de l’armée d’Israël en Iran, sur ce que pourrait être la réforme de la Politique Agricole Commun (PAC) d’ici 2027, sur l’accord de libre échange Europe-Mercosur à propos duquel elle dit ne pas avoir d’opposition de principe, s’il n’y a pas de concurrence déloyale. Elle fut également interrogée sur la réforme des retraites après le « conclave » voulu par François Bayrou. Mais aucune question ne lui fut posée sur les dégâts causés par les intempéries, ni sur la manière dont le gouvernement pourrait aider les paysans ayant subi de gros dégâts à s’en sortir

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