TEMOIGNAGES. "Sans préavis, sans autre dédommagement" : ces salariées de l'administration américaine ont été licenciées par le Doge d'Elon Musk
Cela fait maintenant 100 jours qu'il est revenu au pouvoir. Donald Trump bouleverse l'Amérique et le monde, notamment avec son Département de l'efficacité gouvernementale confié à Elon Musk. Le Doge aussi a 100 jours et il a semé le chaos. Environ 280 000 personnes ont été remerciées dans 27 agences gouvernementales. Des fonctionnaires mais aussi des "contractors", ces sous-traitants qui travaillent pour l'Etat fédéral. Où en sont-ils, plus de trois mois après ? Franceinfo a posé la question à deux femmes qui travaillaient pour des sous-traitants de l'USAID, l'Agence des Etats-Unis pour le développement international.
Jacqueline de Wein était consultante au bureau VIH/sida de l'USAID depuis sept ans quand elle a reçu un mail le 28 janvier, lui disant qu'elle était remerciée : "Huit jours après le démarrage de cette administration, c'était déjà la fin pour moi, sans préavis, sans autre dédommagement."
"La plupart de mes collègues n'ont rien"
Elle a tout de suite retrouvé du travail et s'estime chanceuse par rapport à ses anciens collègues. Elle touche une petite pension de son ancien employeur, la Banque mondiale, et venait de finir de payer sa maison en banlieue de Baltimore : "J'ai pu avoir un poste de professeur. Ça paye peut-être un 20e de ce que je gagnais avant et j'ai quelques jours de consultations qui vont venir de la Banque mondiale. Mais la plupart des mes collègues n'ont rien. Ils n'ont que l'assurance chômage."
350 dollars par semaine, c'est l'indemnité chômage que touche Xioma, qui refuse de donner son nom de famille. La trentenaire nous répond depuis Houston, au Texas, où elle a rejoint son compagnon quelques mois avant d'être mise à pied, le 7 février, par le sous-traitant de l'USAID pour lequel elle travaillait depuis deux ans. "Comme je vis dans un Etat où le coût de la vie est moins élevé, avec l'indemnité chômage, je peux payer mon loyer, mais c'est la seule chose que je peux payer", confie-t-elle.
"Je ne sais pas si le rêve américain est encore une réalité"
Celle qui est arrivée du Nigeria à l'âge de quatorze ans conserve, pour l'instant, son assurance santé. Elle saura courant mai si elle est licenciée : "Je ne sais pas si le rêve américain est encore une réalité pour beaucoup d'entre nous. Il ne fait pas bon être américain en ce moment."
C'est même une honte d'après Jacqueline de Wein qui dit mal dormir à cause de la peur de l'avenir et songe à quitter le pays : "Ce n'est pas juste déménager, c'est un petit peu plus compliqué et je n'ai pas complètement décidé. Je suis un peu SDF, je suis en train de voir quelles sont les options dans les pays de l'espace Schengen aussi." Elle est arrivée du Canada il y a plus de 30 ans et n'avait jamais envisagé jusqu'ici de quitter les Etats-Unis.