« Hands off ! » : les anti-Trump défilent par millions dans les rues d’Amérique

Des millions de personnes dans plus de 1 000 lieux : si les mobilisations contre Trump II ont été plus lentes à s’organiser que lors du premier mandat du milliardaire, elles se sont montrées à la hauteur des attentes des organisateurs. Samedi 5 avril, on a manifesté dans les 50 États du pays comme à l’étranger (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal ou Grèce) ; dans les métropoles (Washington D.C., New York, Boston,) habituées de ce type de rassemblement, comme dans des petites villes, de Saint-Augustine, en Floride, à Frankfort dans le Kentucky.

À Boulder, ville universitaire et « libérale » (au sens américain du terme) au nord-ouest de Denver, où des rassemblements avaient déjà eu lieu les semaines précédentes, la manif a été « d’une ampleur que je n’ai jamais vue », rapporte un universitaire, malgré la faible présence d’étudiants en cette période de « spring break », traditionnelle coupure de Pâques sur les campus.

« La démocratie n’est pas à vendre »

« Donald Trump et Elon Musk pensent que ce pays leur appartient. Ils prennent tout ce sur quoi ils peuvent faire main basse et mettent le monde au défi de les arrêter, soulignait dans un communiqué Indivisible, l’un des mouvements organisateurs de cette journée. Samedi 5 avril, nous descendons dans la rue dans tout le pays pour résister avec un message clair : bas les pattes ! » Un « ne touchez pas » décliné à l’envi : le système de retraites, Medicare et Medicaid (deux programmes de santé publics), les libertés, les droits civiques, la démocratie…

Dans la capitale fédérale, l’AFP a recueilli des témoignages de manifestants. « C’est extrêmement inquiétant de voir tout ce qui arrive à nos institutions et l’équilibre des pouvoirs complètement bouleversé sur tous les plans, de l’environnement aux droits individuels », a déclaré Jane Ellen Saums, 66 ans, qui travaille dans l’immobilier à Fairfax, près de Washington. « J’ai l’impression qu’il y a déjà eu un coup d’État ou une prise de pouvoir par des voyous qui n’en ont rien à faire du peuple », a dit Elissa Parker, une avocate retraitée de 78 ans.

« La démocratie n’est pas à vendre », était-il écrit sur une pancarte brandie par un jeune père avec son fils dans une poussette. On pouvait également voir des drapeaux américains à l’envers – à l’origine un signal de détresse dans l’armée, devenu un signe de protestation politique.

Ce sursaut intervient alors que l’administration Trump, après des salves répétées de décrets et d’annonces créant la sidération, affronte ses premiers revers. Mardi, les républicains ont encaissé une sévère défaite lors de l’élection d’un juge à la Cour suprême du Wisconsin. Elon Musk avait déversé des dizaines de millions de dollars en faveur du candidat républicain qui a accusé dix points de retards sur sa concurrente démocrate.

Nombre de décrets sont bloqués par des juges, tandis que quelques voix commencent à s’élever au sein de la coalition républicaine contre les dangers de la guerre commerciale ou les dérives de la chasse aux migrants. Une poignée de sénateurs conservateurs ont même refusé de voter en faveur de certains aspects d’une loi – la première sur le bureau du Congrès depuis le retour de Donald Trump qui a décidé de gouverner par décrets – de réduction des impôts et des prestations sociales.

Ce réveil de l’Amérique anti-Trump peut paraître soudain, mais il avait été préparé par Bernie Sanders et une série de meetings, pour « combattre l’oligarchie », rassemblant des dizaines de milliers de personnes, avec un pic à Denver le 21 mars. Accompagné de la députée de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, le sénateur socialiste poursuit sa tournée avec un prochain rendez-vous à Los Angeles le 12 avril, avec Joan Baez et Neil Young en partie musicale.

Comme lors des manifestations de ce samedi ou des réunions publiques organisées par des députés ces dernières semaines, le mécontentement face à l’attitude du Parti démocrate s’y est fortement exprimé. « Nous vivons un moment où, pour la première fois depuis très longtemps, les sondages nous disent que la base électorale du Parti démocrate est profondément mécontente de la direction du parti, commente pour l’Humanité David Sirota, ancien conseiller de Bernie Sanders et fondateur média d’investigation The Lever. Et je pense que nous devons comprendre à quel point cette situation est unique, du moins au cours des cinquante dernières années. Il faut remonter aux années 1960, au mouvement pour les droits civiques puis aux mobilisations contre la guerre du Vietnam pour retrouver une telle situation. »

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