Que sait-on du HMPV, ce virus respiratoire qui se répand en Chine et sur les réseaux sociaux ?

Alors qu'il y a tout juste cinq ans, une "mystérieuse épidémie de pneumonie" à Wuhan, dans le centre de la Chine, menait à la pandémie de Covid-19, un "nouveau" virus respiratoire – le métapneumovirus humain (HMPV, également appelé MPVh) – sème la panique sur les réseaux sociaux depuis le début de l'année, alimentée par de nombreuses fausses informations.

Des images d'hôpitaux prétendument débordés ont commencé à circuler, ravivant les traumatismes d'une époque récente où les services de santé du monde entier pliaient face aux contaminations en chaîne provoquées par le Covid. D'autres informations alarmistes indiquaient par ailleurs que l'état d'urgence avait été déclaré par les autorités chinoises, ou encore que le taux de mortalité associé au virus s'établissait à quelque 43 %. Des informations depuis vérifiées et largement démenties.

À lire dans "Les Observateurs"Trois intox sur le HMPV, le virus respiratoire qui frappe la Chine

"Je ne panique pas à cause du virus HMPV. Jusqu'à ce que l'[Organisation mondiale de la Santé - OMS] me dise que tout va bien. Là, je paniquerai", ironise un internaute sur X, faisant référence à la position initialement prudente adoptée par l'OMS au début de la pandémie de Covid-19 en janvier 2020, laquelle lui a ensuite été reprochée.

L'OMS a bel et bien communiqué sur le virus dont la circulation augmente actuellement en Chine. Dans une note publiée mardi 7 janvier, l'organisation affirme qu'il n'y a "pas lieu de s'alarmer face à la récente augmentation des cas de maladies respiratoires causés par le métapneumovirus humain (HMPV) en Chine". Mais faut-il vraiment baisser sa garde ?

Depuis fin 2024, une augmentation des cas de HMPV a été observée dans le nord de la Chine, exerçant une pression accrue sur les systèmes de santé locaux. Les autorités chinoises, qui ont reconnu cette hausse, ont cependant souligné qu'elle correspond aux tendances saisonnières habituelles des infections respiratoires en hiver, insistant par ailleurs sur le fait que la situation actuelle diffère de celle de la pandémie que le monde a connu il y a cinq ans. À la différence du Covid-19, en effet, le HMPV est un virus bien connu.

Un virus identifié en 2001

Ce virus respiratoire courant a fait parler de lui pour la première fois aux Pays-Bas en 2001, explique Antonia Ho, professeure en maladies infectieuses au Centre de recherche sur les virus du Medical Research Council de l'Université de Glasgow.

"Le HMPV a été identifié pour la première fois par des chercheurs néerlandais dans des échantillons respiratoires archivés d'enfants chez lesquels aucun microbe n'a été isolé, et a depuis été découvert dans le monde entier", poursuit-elle, évoquant une saisonnalité "similaire à celle de la grippe, avec un pic d'activité en hiver-début de printemps".

Aussi, selon, elle, le nombre élevé de cas de HMPV identifiés en Chine n'est "peut-être pas inhabituel".

Des symptômes similaires à celui du rhume

Le métapneumovirus humain provoque des symptômes respiratoires similaires à ceux du rhume ou d'autres infections virales : toux, fièvre légère à modérée, congestion nasale, maux de gorge, fatigue, essoufflement ou difficulté à respirer dans les cas les plus graves, sifflements respiratoires ou symptômes ressemblant à l'asthme, notamment chez les enfants.

Dans certains cas seulement, "il peut entraîner des maladies plus graves comme la bronchite ou la pneumonie", précise l'OMS dans son communiqué.

Chez les adultes en bonne santé, l’infection devrait provoquer des symptômes de rhume banal, indiscernables de nombreux autres virus responsables du rhume.

"La plupart des infections dans la population ne sont pas diagnostiquées, car les personnes atteintes d’un rhume ne subissent généralement pas de tests permettant d’identifier l’agent pathogène spécifique", explique le Dr Andrew Catchpole, directeur scientifique de hVIVO, leader mondial des tests de vaccins et de thérapies contre les maladies infectieuses et respiratoires, précisant que les cas graves nécessitant une hospitalisation concernent presque exclusivement des personnes âgées, des enfants, ou des personnes immunodéprimées.

Aussi, comme le rappelle le Dr Conall Watson, épidémiologiste consultant à l'Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni, "comme pour tous les virus respiratoires, vous pouvez contribuer à réduire la transmission des infections en vous lavant régulièrement les mains, en toussant et en éternuant dans des mouchoirs que vous jetez".

Des cas partout dans le monde

Le HMPV est présent dans le monde entier depuis sa découverte en 2001. Hormis la Chine, une augmentation des cas a été signalée aux États-Unis, en Inde, mais aussi au Royaume-Uni.

Aux États-Unis, les Centers for Disease and Prevention (CDC), ont noté une augmentation des infections, mais précisent que le nombre de cas de cette maladie respiratoire reste dans le pays à des niveaux "pré-pandémiques", et ne constituent "pas un motif d'inquiétude", peut-on lire dans le New York Post.

Au cours de la semaine du 28 décembre, le CDC a constaté que sur les 13 800 personnes environ testées pour des maladies respiratoires, seules 1,94 % ont été testées positives pour le HMPV.

Un pourcentage qui reste faible par rapport aux infections grippales (18,71 % des tests positifs cette même semaine), et au Covid-19 (7,10 %).

Au Canada, les données laboratoires sur les tendances des virus respiratoires donnent le HMPV avant-dernier des virus en termes de pourcentage de tests positifs, avec 1,3 % de tests positifs lors de la dernière semaine de décembre 2024 (la grippe est à 9,9 %, le virus respiratoire syncytial à 11,7 %).

En Inde, deux cas de HMPV ont été détectés dans l'État du Tamil Nadu, portant le total national à cinq cas.

"Au Royaume-Uni, nous avons constaté une augmentation assez marquée ces dernières semaines", explique le Pr Paul Hunter, professeur de médecin à l'Université d'East Anglia, à Norwich (Angleterre), ajoutant que le pourcentage maximal de positivité était légèrement supérieur à ce qu'il était l'an dernier à la même période.

Pourquoi en parle-t-on davantage cette année ?

Alors que les cas de contamination se multiplient dans le nord de la Chine, le Centre de contrôle des maladies (CDC) du pays a recommandé à la population de prendre des précautions en matière de santé et d'hygiène, tout en réfutant néanmoins les allégations selon lesquelles les hôpitaux sont débordés et les craintes d'une nouvelle pandémie de type Covid-19.

"Les infections respiratoires ont tendance à atteindre un pic pendant la saison hivernale", a déclaré vendredi 3 janvier le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

Interrogés par le quotidien britannique The Guardian, des experts ont déclaré que l'augmentation apparente du nombre de cas est probablement due en partie à une nouvelle technologie qui permet de détecter et d'identifier plus facilement le virus HMPV.

Par ailleurs, estime auprès du joural le Dr Jacqueline Stephens, maîtresse de conférence en santé publique à l'université Flinders, en Australie, ceci peut s'expliquer par le fait que "nous sommes désormais plus prudents face aux épidémies".

Contacté par les Observateurs de France 24, Antoine Flahault, médecin épidémiologiste, assure que pour l'immense majorité des patients, le HMPV est bénin. Selon ce spécialiste, directeur de l’institut de santé globale à Genève, l'encombrement des hôpitaux chinois s'explique également par le fonctionnement du système de santé chinois : "Quand on est malade en Chine, on ne va pas à la médecine de ville, mais à l'hôpital". 

Existe-t-il un risque de pandémie ?

D’après les informations communiquées à l'OMS par le CDC chinois, les niveaux d’infections respiratoires signalés en Chine se situent "dans la fourchette habituelle pour la saison hivernale", peut-on lire dans le communiqué de l'OMS.

Pékin signale par ailleurs que "le taux d’utilisation des hôpitaux est actuellement inférieur à celui de l’année dernière à la même époque et qu’aucune déclaration d’urgence n’a été faite et qu’aucune mesure n’a été prise".

Pour le professeur Martin Michaelis, professeur de médecine moléculaire à l'Université de Kent, l'hypothèse d'une nouvelle pandémie est "extrêmement improbable". En effet, explique-t-il, "contrairement au SARS-CoV-2, le coronavirus responsable du Covid-19, le virus HMPV existe depuis des décennies et la population est très immunisée". Des propos confirmés par le Dr Carla Garcia Carreno, directrice de la prévention et du contrôle des infections au Children's Medical Center Plano (Texas), auprès de CBS News.

Il n'y a "pas de différence majeure par rapport à la normale", affirme quant à lui le Pr Paul Hunter. "À moins que les taux de positivité des infections continuent d’augmenter dans les semaines à venir, globalement, je ne pense pas qu’il y ait actuellement de signes d’un problème mondial plus grave."