Évincée du Festival de Deauville Maïwen réagit : «Cela m'a vexée»
Évincée sans explication de la présidence du jury du festival américain de Deauville, la cinéaste Maïwenn vient d’accorder un entretien au Point, le premier magazine à avoir révélé cette affaire qui dans un premier temps s’était déroulée dans les coulisses. De sa manière franche, qui l’aura poussée à prendre dans le passé des positions anti-MeToo, c’est-à-dire considérée aujourd’hui politiquement incorrectes, elle est revenue point par point sur les raisons, bonnes ou mauvaises, qui l’ont conduite à être ostracisée.
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«La reprise à zéro» d’Aude Hesbert
Choisie dans un premier par l’ancien maître d’œuvre du festival normand, Bruno Barde, démis de ses fonctions après une enquête de Mediapart sur des accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles le concernant, Maïwenn s’est vue infliger une sorte de fin de non-recevoir, par la remplaçante de Bruno Barde, Aude Hesbert. Elle fait part de sa surprise devant cette décision: «....Un jour, Bruno Barde m'apprend qu'il est viré et que sa remplaçante, Aude Hesbert, ne veut pas de moi. Une heure plus tard, mon agent m'appelle et me le confirme car l'attachée de presse venait de lui annoncer “officiellement” qu'Aude Hesbert voulait tout “reprendre à zéro”. Cela m'a vexée, évidemment, ce n'est jamais agréable d'être rejetée. Mais ça ne m'a pas empêchée de dormir non plus. J'ai des soucis et des sujets de réflexion bien plus graves et plus profonds que ça en ce moment».
Les causes réelles de son éviction, Maïwenn, ne semble pas en connaître la teneur. A-t-elle été mise dans le même sac que le trompettiste Ibrahim Maalouf, lui aussi pressenti dans un premier temps, pour être juré à Deauville puis mis au ban pour des affaires de mœurs dont il est aujourd’hui blanchi, la cinéaste ne le croit pas comme elle l’a expliqué à nos confrères du Point: « ...Ibrahim Maalouf avait été choisi par le festival avant même que je sois contactée. Lorsque le festival m'a annoncé la refonte complète du jury, ils n'ont pas du tout évoqué son cas. Ce que je comprends mal, cependant, dans un tel contexte (les évictions de Bruno Barde et d'Ibrahim Maalouf étant toutes deux annoncées comme liées à leur comportement présumé vis-à-vis des femmes), c'est qu'ils aient choisi d'évincer une femme à la tête du jury pour la remplacer par un homme (Benoît Magimel, NDLR). Je veux donc juste rétablir un peu les faits et que chacun assume ses responsabilités. Je pense avoir le droit de ne pas être traitée comme un Kleenex et de ne pas faire les frais d'histoires auxquelles je suis étrangère».
Touchée par ce bannissement qu’elle trouve injuste, Maïwenn ne cache pas sa rancoeur: «...Aux responsables du festival, je souhaite à l'avenir plus de franchise, de clarté, de tact, de bienveillance, de constance et de droiture. Je pense qu'ils en ont manqué et qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire».