C’est une nouvelle qui détonne dans le monde assez impitoyable de l’art et des institutions. « Le Centre Pompidou a le plaisir d’annoncer la nomination d’Alexia Fabre au poste de directrice déléguée du futur Centre Pompidou francilien – fabrique de l’art », annonce l’institution vendredi 5 septembre par communiqué.
C’est donc le retour en grâce d’une femme très estimée des artistes qu’elle a guidées avec tact et force pour la 17e Biennale de Lyon en 2024 et des élèves des Beaux-Arts qu’elle a beaucoup soutenus et que son brutal non-renouvellement, au printemps, a déçus et inquiétés. L’arrivée en juillet de son successeur, Éric de Chassey, ancien directeur de l’INHA (Institut national d’histoire de l’art), écrivain prolixe et proche de Laurent Dumas, nouveau président du conseil d’administration des Beaux-Arts de Paris, a été accueillie avec circonspection, voire crainte. Le projet d’un éventuel campus commun aux Beaux-Arts de Paris et à l’École d’architecture Paris-Malaquais qui a déjà tant fait polémique, repose désormais sur lui , sa vision, ses intentions et sa diplomatie.
Passer la publicitéLa nomination d’Alexia Fabre, femme de dialogue ouvre la rentrée comme une bonne surprise, un an avant l’ouverture prévue à l’automne 2026 de ces réserves qui allient à Massy le Centre Pompidou et le Musée Picasso. Cela marque indéniablement une étape importante dans le développement du projet. Conservatrice en chef du patrimoine, Alexia Fabre possède une
solide expérience à la tête d’institutions culturelles majeures. Elle a dirigé le musée départemental de Gap (1993-1998), le Musée d’art contemporain du Val-de-Marne – MAC VAL (1998-2022), puis les Beaux-Arts de Paris (2022-2025). Elle a également été directrice artistique de la Nuit Blanche en 2009 et 2011.
Alors que son départ des Beaux-Arts avait été annoncé par un bref communiqué, sec et sans état d’âme, cette annonce se veut au contraire explicite et élogieuse. « Son parcours reconnu, à la croisée de la création contemporaine, de la gestion d’institutions culturelles et du développement des politiques culturelles territoriales, témoigne de son engagement en faveur d’un art ouvert sur le monde et ancré dans les territoires. Son expérience au sein des collectivités locales, notamment à Gap et à Vitry-sur-Seine, et sa capacité à créer du lien entre les artistes et les habitants, seront des atouts essentiels pour animer et faire rayonner le Centre Pompidou francilien », est-il souligné.
Transmission
Le Centre Pompidou, acteur majeur de ce projet soutenu par son président Laurent Le Bon, « se réjouit de cette nomination, qui incarne pleinement l’ambition partagée par l’ensemble des partenaires du projet : faire de ce nouvel équipement un pôle culturel majeur, au service de la création, de la transmission et du dialogue avec tous les publics, au cœur du territoire francilien. »
Comme l’avait souligné la conférence de presse, en juillet 2023 à Beaubourg, le Centre Pompidou Francilien - fabrique de l’art est rendu possible grâce au
partenariat noué avec la région Île-de-France, le département de l’Essonne,
la communauté d’agglomération Paris-Saclay et la ville de Massy, avec le
soutien de l’État. Reste à trouver un nom un peu plus vendeur, voire un encore un surnom, familier et ancré dans la pratique, qui serait gage de son baptême réussi de ce projet en Grande couronne.