Plan de paix pour Gaza : ce que le Hamas a répondu, ou non, à chacun des 20 points de Trump

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Présenté à la Maison-Blanche le 29 septembre, le plan de Donald Trump pour la «paix à Gaza» trace les contours d’une sortie de guerre encore incertaine. En vingt points, il promet notamment un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages et la reconstruction du territoire sous supervision internationale.

Quatre jours plus tard, le Hamas publie sa réponse. Le mouvement islamiste dit «saluer les efforts» du président américain et de ses alliés arabes, tout en s’en tenant à une ligne prudente voire équivoque. S’il valide les volets humanitaires du plan, comme l’aide, l’échange de prisonniers ou encore le retrait israélien, il passe sous silence les aspects les plus contraignants : le désarmement, la tutelle internationale et la présence d’une force étrangère sur le terrain. Le Figaro résume, point par point, le «oui mais» du mouvement palestinien.

Les réponses du Hamas en résumé

Propositions du «plan Trump» La réponse du Hamas 
Cessez-le-feu et retrait israélien Le Hamas salue les efforts pour mettre fin à la guerre et réaffirme son rejet de toute occupation.
Libération des otages et prisonniers sous 72 heures Approuve le principe et se dit prêt à négocier via les médiateurs au sujet des détails, mais évoque des «conditions de terrain» nécessaires à la mise en œuvre.
Négociations et médiation Se déclare «disponible à entrer immédiatement» dans des négociations par l’intermédiaire des médiateurs afin de discuter des modalités.
Administration de Gaza Approuve la remise de l’administration de Gaza à un «organisme palestinien d’indépendants» basé sur un consensus national et soutenu par un appui arabe et islamique.
Aide humanitaire et reconstruction Salue les efforts visant à autoriser une entrée immédiate de l’aide, sans autre précision sur ses modalités ou sa supervision.
Occupation et souveraineté Refuse toute présence militaire et exige un retrait complet de Gaza.
Statut de Gaza et avenir politique Renvoie ces questions à une «position collective nationale», conforme aux résolutions internationales, qui sera discutée dans un cadre palestinien global auquel le mouvement participera.
Principe de souveraineté palestinienne Réaffirme les «droits inaliénables» du peuple palestinien et rejette toute solution imposée.
Approche collective et cadre national Affirme que toute décision doit être prise «dans un cadre national palestinien global», conforme aux résolutions internationales, avec la participation pleine et responsable du Hamas.
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Le cessez-le-feu et le retrait israélien

Le plan Trump prévoit la suspension immédiate des opérations militaires, le gel des lignes de front et un retrait progressif des forces israéliennes, effectué par étapes à mesure qu’une force internationale prendra le relais. Israël n’occupera ni n’annexera Gaza, mais maintiendra une présence dans un périmètre de sécurité jusqu’à ce que le territoire soit «stabilisé» et jugé exempt de toute menace terroriste.

Dans son communiqué, le Hamas «salue les efforts» du président américain et des pays arabes pour «mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza». Il réaffirme son opposition à toute occupation et au déplacement de la population palestinienne. Le mouvement réaffirme son rejet de toute occupation et appelle à un retrait complet de la bande de Gaza. Il ne détaille toutefois ni le calendrier souhaité ni les mécanismes de contrôle d’un tel retrait, laissant planer une ambiguïté sur les garanties exigées.

Libération des otages

Le plan Trump prévoit la libération de tous les otages israéliens, vivants ou morts, dans un délai de 72 heures après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, en contrepartie de la remise par Israël des prisonniers palestiniens listés dans l’accord.

Le Hamas, dans son communiqué, affirme «approuver la libération de tous les prisonniers d’occupation, vivants ou dépouilles, selon la formule d’échange contenue dans la proposition du président Trump». Il se dit prêt à engager «immédiatement» des négociations via les médiateurs pour en discuter les détails, mais subordonne cette mise en œuvre à des «conditions de terrain» non précisées. Un haut responsable du Hamas, Moussa Mahmoud Abou Marzouk, a qualifié ce délai de 72 heures de «théorique et irréaliste dans les circonstances actuelles».

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Négociations et médiation

Le plan confie aux médiateurs régionaux (l’Égypte, le Qatar et les États-Unis) la supervision de la libération des otages, du cessez-le-feu et du suivi des engagements. Washington présente ces intermédiaires comme les garants du respect des clauses par les deux parties.

Le Hamas «réaffirme sa disponibilité à entrer immédiatement, par l’intermédiaire des médiateurs, dans des négociations pour discuter des détails». Il ne rejette donc pas la médiation, mais ne précise ni calendrier ni modalités de suivi.

Administration de Gaza

Washington propose la création d’un comité palestinien technocratique et apolitique, chargé de gérer la bande de Gaza pendant la transition, sous la supervision d’un «Conseil de paix» présidé par Donald Trump, auquel participeraient plusieurs dirigeants étrangers, dont Tony Blair. Cette instance aurait autorité sur la reconstruction et sur le redémarrage des services publics.

Le Hamas se déclare favorable à la remise de l’administration de Gaza à un «organisme palestinien d’indépendants (technocrates)» fondé sur un consensus national et soutenu par un appui arabe et islamique. Il ne mentionne cependant pas de participation internationale à cette transition, comme le prévoyait le plan américain.

Aide humanitaire et reconstruction

Le plan Trump prévoit une entrée immédiate de l’aide humanitaire, la réhabilitation des infrastructures essentielles (eau, électricité, hôpitaux, boulangeries...) et la création d’un fonds international de reconstruction, supervisé par les États-Unis, l’Égypte et les États du Golfe. L’objectif affiché est de relancer l’économie locale et de garantir la stabilité sociale de Gaza.

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Le Hamas «salue les efforts (...) appelant à autoriser une entrée immédiate de l’aide». Il ne formule aucune réserve sur ce point, mais ne précise ni les modalités ni la supervision envisagée pour cette assistance humanitaire.

Occupation et souveraineté

Le plan américain stipule qu’Israël n’occupera pas Gaza mais qu’il conservera un périmètre de sécurité autour du territoire jusqu’à sa «stabilisation complète», afin d’éviter une résurgence du Hamas ou d’autres factions armées.

Le Hamas salue «le rejet de l’occupation de la bande et le refus du déplacement de notre peuple palestinien de ce territoire». Il réaffirme ainsi son opposition à toute présence militaire dans Gaza et ne mentionne pas de dispositif sécuritaire transitoire.

Statut de Gaza et avenir politique

Le plan Trump évoque la «déradicalisation» de Gaza, sa démilitarisation complète et, à terme, la création d’un État palestinien démilitarisé, à condition que la bande soit pacifiée et dirigée par des institutions réformées. Ce volet se veut une ouverture politique conditionnée à la stabilité du territoire.

Le Hamas, de son côté, renvoie ces questions à une «position collective nationale», conforme aux résolutions internationales et à discuter «dans un cadre national palestinien global». Le mouvement laisse entendre qu’il ne souhaite pas se prononcer seul sur l’avenir institutionnel ou sécuritaire de Gaza.

Approche collective et cadre national

Cette idée de cadre collectif revient plusieurs fois dans la réponse du Hamas. Le mouvement insiste sur le fait que toute décision doit être prise «dans un cadre national palestinien global», réunissant l’ensemble des factions et conforme aux résolutions internationales. Il rejette toute démarche unilatérale ou imposée de l’extérieur, privilégiant un processus fondé sur le consensus national, soutenu mais non dirigé par les puissances étrangères.

Les points passés sous silence

Le communiqué du Hamas reste muet sur plusieurs points essentiels du plan Trump : désarmement, amnistie des combattants, présence d’une force internationale ou supervision américaine de la reconstruction.

En validant les volets humanitaires – cessez-le-feu, aide, retrait israélien – tout en éludant les aspects militaires et institutionnels, le mouvement islamiste cherche à apparaître ouvert au dialogue sans renoncer à son autonomie politique et militaire.