Élection présidentielle américaine : qui sont les grands électeurs et comment élisent-ils le président des États-Unis ?
L’élection présidentielle américaine a officiellement lieu mardi 5 novembre 2024. Mais ce jour-là, et bien que le vote ait déjà commencé dans plusieurs États, les plus de 240 millions d’électeurs ne voteront pas directement pour la candidate démocrate Kamala Harris ou le républicain Donald Trump. Ils désigneront en réalité les 538 grands électeurs qui, rassemblés dans un Collège électoral, auront la charge de nommé le futur locataire de la Maison-Blanche. Ce second scrutin aura lieu le 17 décembre.
Pour être élu président des États-Unis, il faut donc obtenir les voix d’au moins 270 grands électeurs. Dans la plupart des États (tous, sauf le Maine, le Nebraska et le District de Columbia), le principe du «winner-take-all» s’applique : le candidat qui a gagné le vote populaire de l’État «remporte» tous les grands électeurs de ce même État.
Quelles sont les conditions pour être grand électeur ?
Selon le site National Archives, une agence indépendante du gouvernement américain, «la Constitution des États-Unis contient très peu de dispositions relatives aux qualifications des électeurs».
L’article 2 du texte sacré précise simplement que «chaque État nommera (...) un nombre d'électeurs égal au nombre total de sénateurs et de représentants auquel il a droit au Congrès» et qu’«aucun sénateur ou représentant, ni aucune personne tenant des États-Unis une charge de confiance ou rémunérée, ne pourra être nommé» à ce mandat d’électeur.
Comment sont-ils choisis ?
Leur sélection se fait en deux temps. La première partie du processus est le fait des partis politiques et peut varier d’un État à un autre. Mais en général, les partis désignent des listes d'électeurs potentiels lors de leurs congrès nationaux ou les choisissent par un vote du comité central du parti.
Ces personnes peuvent être «des fonctionnaires élus au niveau de l'État, des dirigeants de partis politiques au niveau de l'État ou des personnes de l'État qui ont une affiliation personnelle ou politique avec le candidat présidentiel de leur parti», détaille National Archives.
La seconde partie du processus a lieu pendant les élections générales - le 5 novembre donc. «Lorsque les électeurs de chaque État votent pour le candidat présidentiel de leur choix, ils votent pour sélectionner les grands électeurs de leur État. Les noms des électeurs potentiels peuvent ou non apparaître sur le bulletin de vote sous le nom des candidats présidentiels, en fonction des procédures électorales et des formats de vote en vigueur dans chaque État.»
In fine, les électeurs potentiels du candidat présidentiel vainqueur dans un État sont désignés comme grands électeurs de cet État, sauf dans le Nebraska et le Maine où la répartition des électeurs est proportionnelle.
Sont-ils obligés de voter pour le candidat présidentiel qui a gagné dans leur État ?
Ni la Constitution ni les lois fédérales ne se prononcent à ce sujet. Mais pour éviter les «électeurs infidèles» («faithless elector») une trentaine d’États ainsi que le District de Columbia ont voté des lois obligeant les grands électeurs à voter pour les candidats de leur parti. C’est le cas de l’Alabama, du Michigan (le grand électeur est considéré comme ayant démissionné et est remplacé), du Maine, de la Caroline du Nord (amende de $500) ou encore de l’Oregon.
Les cas de trahison sont rares et n’ont jamais altéré le résultat final de l’élection.
Dans ces conditions, le candidat ayant gagné le scrutin populaire peut-il perdre ?
Oui, un candidat peut obtenir la plus grande part des suffrages populaires au niveau fédéral mais ne pas décrocher de majorité au Collège électoral des grands électeurs.
C’est arrivé à cinq reprises, dont deux fois au cours des six dernières élections présidentielles. En 2016, par exemple, Hillary Clinton avait remporté 2,89 millions de voix de plus que Donald Trump. En 2000, le démocrate Al Gore avait glané environ 550.000 voix de plus que George W. Bush, etc...
Quand les grands électeurs votent-ils ?
La réunion des grands électeurs a lieu le premier mardi suivant le deuxième mercredi de décembre après l’élection générale. Cette année, ce sera donc le 17 décembre. «Les électeurs se réunissent dans leurs États respectifs où ils votent pour le président et le vice-président sur des bulletins séparés. Les votes des électeurs de votre État sont enregistrés sur un certificat de vote, qui est préparé lors de la réunion par les électeurs», précise National Archives.
Les votes électoraux de chaque État sont enfin comptés lors d'une session conjointe du Congrès le 6 janvier de l'année suivant la réunion des électeurs - celle-là même que des partisans de Donald Trump avaient interrompue en 2021 en envahissant le Capitole.
«Les membres de la Chambre des représentants et du Sénat se réunissent dans la salle de la Chambre pour procéder au décompte officiel des votes électoraux. Le vice-président des États-Unis, en tant que président du Sénat, préside le décompte de manière strictement ministérielle et annonce les résultats du vote. Le président du Sénat déclare ensuite quelles personnes, le cas échéant, ont été élues président et vice-président des États-Unis», conclut le site spécialisé.