Espagne: l’épouse du premier ministre entendue par la justice

Déjà entendue en juillet dernier, Begoña Gómez, l'épouse du premier ministre espagnol Pedro Sánchez, a comparu à nouveau mercredi devant le juge enquêtant sur ses activités et s'est exprimée pour la première fois. Cette dernière est arrivée en voiture au tribunal peu avant 10h par l'entrée du parking, à l'abri des regards et des nombreux journalistes présents devant l'édifice, selon des médias espagnols.

Begoña Gómez, qui avait déjà fait valoir son droit de garder le silence lors de sa première comparution, a cette fois accepté de répondre aux questions de son avocat lors de cette audition portant sur des soupçons d'appropriation illicite d'un logiciel créé pour l'université dans laquelle elle travaillait et «exercice illégal» d'une profession, selon des sources judiciaires. Son audition a duré environ une demi-heure.

Depuis le début de la semaine, les convocations judiciaires se succèdent dans des enquêtes empoisonnant la vie de Pedro Sánchez, qui a toujours défendu la probité de son épouse et de son gouvernement. Lundi, c'est le principal accusateur dans un dossier de corruption mettant en cause un ex-ministre des Transports et proche du leader socialiste qui était interrogé. Mardi, un ancien conseiller de ce ministre pour la même affaire et mercredi, sa femme Begoña Gómez, dans un autre dossier. «Vous faites la victime devant les juges», lui a reproché mercredi au Congrès des députés le leader du Parti populaire (PP, droite) Alberto Núñez Feijóo. Il avait ironisé en début de semaine sur un «carrousel judiciaire».

«Objectif politique évident»

Dans les autres pans de l'affaire, lancée en avril après des plaintes de plusieurs autres associations réputées proche de l'extrême droite, l'épouse de Pedro Sánchez, 49 ans, spécialisée dans le conseil et la collecte de fonds, est accusée d'avoir profité des fonctions de son mari dans le cadre de ses relations professionnelles. À la mi-novembre, s'exprimant pour la première fois sur ces affaires devant une commission du Parlement régional de Madrid, Begoña Gómez avait assuré que les accusations la visant avaient «un objectif politique évident», lors d'une brève déclaration devant une commission du Parlement régional de Madrid.

Pedro Sánchez, lui, a régulièrement assuré que son épouse n'avait «rien» à se reprocher et que son gouvernement était «propre», accusant la droite et l'extrême droite d'être à l'origine de cette «campagne de diffamation». La semaine dernière, lors d'une rencontre informelle avec des journalistes, le chef du gouvernement est allé jusqu'à suggérer que des juges seraient de connivence avec le PP, en lui fournissant des informations sur les dossiers visant ses proches. Des propos qui avaient poussé la présidente du Tribunal suprême à défendre l'indépendance de la justice. Mercredi, devant les députés, le premier ministre a toutefois assuré être «convaincu qu'une très grande majorité des juges (espagnols) accompliss(aient) leur travail avec une rigueur absolue».

La semaine judiciaire du premier ministre et de ses proches s'achèvera vendredi avec la convocation en qualité de témoin d'une conseillère de la Moncloa, le siège de la présidence du gouvernement, soupçonnée d'avoir en réalité travaillé pour Begoña Gómez dans le cadre de son activité à l'Université Complutense. Avant, début janvier, un nouveau rendez-vous: l'audition du frère du Premier ministre lui-même, mis en cause dans une enquête pour détournement de fonds, trafic d'influence, prévarication et fraude fiscale ouverte après une autre plainte de «Manos Limpias».