«C’est une souffrance pour les plaignantes» : le procès de Stéphane Plaza, accusé de violences conjugales, renvoyé au 9 janvier 2025
C'est avec colère et déception que les parties civiles ont quitté la salle d'audience du tribunal de Paris ce mercredi. Après plus de cinq heures de débats, le procès de Stéphane Plaza, qui devait être jugé pour violences conjugales, a été renvoyé au 9 janvier 2025. Une décision rendue en son absence, le présentateur vedette de M6 n'ayant pu faire le déplacement en raison de «ses fragilités psychologiques», selon ses avocats. «C'est une vraie souffrance pour les deux plaignantes. On aurait voulu obtenir des débats que nous attendions depuis longtemps», a déploré Me Clotilde Lepetit, conseil d'Eva*, qui a réclamé que «le tribunal s'assure de la réelle présence de Stéphane Plaza lors de la future audience».
Le célèbre animateur de 54 ans avait adressé le 23 août une lettre au tribunal sollicitant la tenue d'un procès en son absence «en raison de l'altération de (son) état de santé lié au lynchage médiatique». L’un de ses avocats, Me Carlo Alberto Bruso - devenu une figure des «antivax» au moment de la pandémie du Covid - a soutenu qu’il ne s’agissait pas d’une «défiance ni d’une volonté d’échapper à la justice» mais d’une nécessité pour le déroulé équitable du procès.
«Niveau de stress extrêmement fort»
À l'appui de cette demande, le prévenu a fourni une attestation de sa psychologue affirmant que, face «aux situations auxquelles il est exposé, Stéphane Plaza présente des manifestations psychiques importantes, des angoisses massives, des idées noires et des troubles du sommeil». Dans cette lettre, la professionnelle recommande une hospitalisation de son patient en milieu protégé. Et de conclure : «Sa présence à son procès ne me paraît pas une bonne option, il a un risque de décompensation psychique.»
Selon ses avocats, Mes Hélène Plumet et Carlo Alberto Brusa, Stéphane Plaza a atteint cet été un «niveau de stress extrêmement fort» dans un contexte de harcèlement lié à l'affaire en cours. Ils ont affirmé que l'animateur avait été victime d'une tentative d'extorsion, des faits pour lesquels il a déposé plainte au courant du mois d'août. «Nous venons d'apprendre que l'auteur du cyberharcèlement et de l'extorsion est renvoyé devant le tribunal correctionnel. Dans ce contexte médiatique et judiciaire, la psychologue lui a déconseillé de se présenter aujourd'hui. Mais avec un peu de temps, on pense qu'il pourrait venir à l'audience (…) Il a besoin de s'exprimer», a déclaré Me Plumet, introduisant ainsi l'idée d'un renvoi. Le tribunal a ordonné qu'une nouvelle évaluation de l'état psychiatrique de Stéphane Plaza soit effectuée avant le 18 décembre.
Mes Plumet et Brusa ont également défendu deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) portant l'une sur les conditions dans lesquelles leur client a été renvoyé devant le tribunal et l'autre sur la notion d'incapacité totale de travail (ITT). Après en avoir délibéré pendant un peu plus de deux heures, le tribunal a décidé de ne pas transmettre ces QPC à la Cour de cassation, estimant qu'elles étaient «dépourvues de caractère sérieux».
«Méthodes dilatoires»
Les avocats des parties civiles ont dénoncé des «méthodes dilatoires» pour empêcher le procès et des arguments visant à «inverser les rôles dans ce dossier de violences conjugales». «On nous décrit un Stéphane Plaza anéanti, cyberharcelé, extorqué. On nous parle d'une autre audience, d'éléments qui ne sont pas dans le dossier … Tout cela est fumeux», a tonné Me Benjamin Chouet, avocat de Jade*. «La pression est du côté des plaignantes. Ce sont elles qui ont pris leur courage à deux mains pour aller déposer plainte et qui ont pris le risque de s'exposer.»
Jade et Eva ont déposé plainte en octobre 2023 pour des «violences habituelles physiques et/ou psychologiques par concubin» entre août 2018 et avril 2022 pour la première, et pour des «violences habituelles psychologiques par concubin» entre décembre 2021 et septembre 2022 pour la seconde. Une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours a été établie pour ces deux femmes à la suite de ces violences.
Face à la nécessité d'entendre les explications du prévenu sur les faits qui lui sont reprochés, le tribunal a donc accordé un délai de quatre mois à l'agent immobilier. «Il s’agit d’un renvoi contraint», a dénoncé Me Clotilde Lepetit.
*Les prénoms ont été modifiés.