Amazon veut empêcher les candidats d’utiliser l’intelligence artificielle en entretien d’embauche

Pour repérer l’utilisation de l’IA lors d’entretiens d’embauche, les recruteurs d’Amazon sont invités à surveiller si «le candidat semble lire ses réponses plutôt que de répondre naturellement, et se reprend lorsqu’il écorche un mot qu’il aurait mal lu.»  Hemanshi Kamani / REUTERS

Le géant américain a mis en garde ses recruteurs contre cette pratique qualifiée «d’avantage injuste».

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Adossé à l’écran de l’ordinateur sur lequel se déroule un entretien d’embauche en appel vidéo, un téléphone portable passe sous le radar de la webcam. Sur celui-ci, un outil d’intelligence artificielle capte la question du recruteur, et génère presque instantanément une réponse de plusieurs paragraphes. Le candidat n’a alors plus qu’à lire la suggestion de réponse du robot, moyennant quelques qualités d’improvisation pour dissimuler la supercherie.

Sur les réseaux sociaux, certains demandeurs d’emplois ne se cachent plus de faire appel à l’intelligence artificielle (IA) lors des processus de recrutement. À tel point qu’Amazon a pris des mesures contre cette pratique qualifiée «d’avantage injuste», a révélé le média Business Insider jeudi. Le leader de la vente en ligne, qui emploie près d’1,5 million de salariés dans le monde, a en effet publié une note interne pour empêcher l’utilisation de l’IA par tous les postulants.

Les candidats se verront ainsi notifiés de la règle suivante au début de chaque entretien pour Amazon, précise Business Insider : «Afin d’assurer un processus de recrutement juste et transparent, veuillez ne pas utiliser les outils d’IA générative pendant votre entretien sauf si cela est explicitement autorisé.» Et d’ajouter que «le non-respect de ces lignes directrices peut entraîner l’exclusion du processus de recrutement.»

Des consignes aux recruteurs

Cette consigne est assortie de conseils à l’intention des recruteurs pour repérer l’utilisation des outils d’IA. Parmi les indices évoqués figure le fait que «le candidat semble lire ses réponses plutôt que de répondre naturellement, et se reprend lorsqu’il écorche un mot qu’il aurait mal lu.» «Les yeux du candidat semblent suivre un texte ou regarder ailleurs, plutôt que de fixer l’écran ou de bouger naturellement pendant la conversation» figure également parmi les signaux à chercher.

Outre ChatGPT, l’agent conversationnel d’Open AI adapté à ce type d’usages grâce à son option de reconnaissance vocale, plusieurs start-up misent sur le développement d’outils spécialement conçus pour assister les demandeurs d’emploi lors d’entretiens d’embauche. C’est le cas par exemple de Parakeet AI, ou de Final Round AI. Celles-ci proposent à l’utilisateur de préciser la fiche du poste auquel il postule, ainsi que son CV, afin de l’aider à passer l’entretien en lui suggérant des réponses personnalisées.

Final Round AI, qui a levé près de 7 millions de dollars début février, met en avant son intention de transformer les processus de recrutement traditionnels. Accusé de tirer le niveau des candidats vers le bas, son cofondateur Michael Guan riposte auprès de Business Insider : «Si les candidats peuvent utiliser l’IA pour briller lors d’un entretien, alors ils peuvent certainement continuer à utiliser l’IA pour briller au quotidien au travail.»