Autriche : premier procès d'un espion lié à l'extrême droite
Un ancien agent autrichien est jugé à Vienne à partir de mercredi aux côtés d'un député d'extrême droite pour violation du secret professionnel. C’est le premier procès dans une vaste affaire d'espionnage impliquant aussi la Russie.
À ce stade, deux jours d'audience ont été programmés mercredi et vendredi. Mais il pourrait durer plus longtemps, selon une porte-parole du tribunal, de nombreux témoins étant convoqués.
L'ancien espion Egisto Ott est accusé par le parquet d'avoir recherché, en 2018, le nom de collègues ayant «participé à une réunion des services européens de renseignement», «sur ordre» de Hans-Jörg Jenewein, alors élu du parti FPÖ au pouvoir. Il lui aurait aussi livré par la suite des noms d'employés sous couverture, «mettant en péril le maintien de la sécurité nationale et le succès de futures activités de renseignement», selon un communiqué du parquet.
Enfin, il est soupçonné d'avoir cherché à collecter les noms des agents de police enquêtant spécifiquement sur l'Ibizagate, un scandale de corruption impliquant l'extrême droite. Pour l'un de ses avocats, Jürgen Stephan Mertens, qui s'est exprimé sur YouTube, son client est victime d'un règlement de comptes au sein de son ancien service, la procédure ayant aussi une «dimension politique». «Seuls les éléments à charge ont été divulgués dans la presse, sans distance critique et de manière unilatérale», a-t-il regretté, pointant «l'absence de preuve concluante».
Jusqu’à trois ans de prison encourus
Les deux hommes encourent une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison. Egisto Ott, dans le viseur du parquet dès 2017 en raison de ses activités suspectes, a été placé en détention une première fois en 2021, puis au printemps de cette année. Contacté, il n'a pas souhaité s'exprimer. Mi-mars, il avait nié auprès de l'AFP toutes les allégations.
Mais ce premier procès ne concerne qu'une part minime des affaires le concernant. Dans des enquêtes distinctes, l'ancien agent est soupçonné d'avoir fourni des informations aux services de sécurité russes. Il lui est notamment reproché d'avoir mené des recherches pour Jan Marsalek, recherché par la justice allemande dans le cadre de la faillite de la société de paiements Wirecard. Le passage de l'extrême droite, proche de la Russie, au ministère de l'Intérieur entre 2017 et 2019 avait conduit plusieurs pays occidentaux à limiter leurs échanges d'information avec l'Autriche, un pays neutre.
Le FPÖ a remporté les élections législatives fin septembre mais l'Autriche est toujours à la recherche d'un gouvernement, aucune formation ne souhaitant s'allier avec lui pour former une majorité, invoquant notamment sa proximité avec Moscou.