Valérie Pécresse offre 37 lignes de bus de Paris et sa petite couronne à des concurrents de la RATP

Un nouvel opérateur est sur le point de faire son entrée dans la gestion des bus de Paris et sa petite couronne. Le groupe ATM, détenu à 100 % par la municipalité de Milan, devrait se voir attribuer l’exploitation à compter du 1er mars 2026 de 18 lignes de bus, principalement situées dans le sud des Hauts-de-Seine (Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Fontenay-aux-Roses…). La société se verrait alors transférer 750 équivalents temps pleins de la RATP.

« Nous avons une longue histoire d’excellence opérationnelle », assurait mi-mars le président du groupe ATM, Arrigo Giana. L’opérateur transalpin n’en est pas à son premier coup d’essai et a déjà conquis de gros marchés de transports urbains en Europe, notamment à Copenhague (Danemark) et Thessalonique (Grèce).

2 600 équivalents temps pleins devront quitter la RATP

En Île-de-France, ses appétits ne se cantonnent pas au réseau de bus. Écarté des attributions des lignes 15, 16 et 17 du futur métro du Grand Paris Express, qui ont échoué à Cap-Île-de-France RATP et Keolis (SNCF), ATM entend rafler la mise sur la future ligne 18.

Île-de-France Mobilités annonce ce mardi attribuer à Transdev la gestion de 19 lignes de bus dans le secteur de l’Ourcq (dans l’est de la Seine-Saint-Denis et de 9 arrondissements parisiens). « L’attribution d’un lot à Transdev intervient alors que l’entreprise française s’apprête à passer sous pavillon allemand et à être privatisée avec le retrait de son actionnaire principal, la Caisse des Dépôts et Consignations, qui va passer de 66 % à 33 % dans le capital de l’entreprise », souligne Céline Malaisé, présidente du groupe communiste à la région. 1 850 emplois sont concernés par ce transfert.

Au total, 2 600 équivalents temps pleins devront quitter la RATP, si le conseil d’administration d’Île-de-France mobilité (IDFM), l’autorité organisatrice, valide cette attribution d’appel d’offres, le 10 avril. « Il s’agit d’un moment historique dans la vente à la découpe du réseau mis sur pied à la Libération par la RATP, pour la première fois, un opérateur étranger fait son entrée dans le paysage francilien, ajoute l’élue communiste. L’arrivée de l’opérateur italien ATM est un véritable coup de tonnerre et casse une bonne fois pour toutes l’argument de Valérie Pécresse selon lequel la mise en concurrence serait réservée à des entreprises françaises. »

Une privatisation des 308 lignes de bus exploitées par la RATP d’ici fin 2026

D’ici la fin 2026, la totalité des 308 lignes exploitées par la RATP basculeront dans des filiales privées, à travers douze appels d’offres. Près de 19 000 agents, soit 40 % des effectifs de l’Epic RATP, rattachés à des dépôts, seront transférés, entraînant des craintes sur les conditions de travail des agents. « En maintenant le prix comme premier critère de sélection des offres retenues, Île-de-France mobilités poursuit sa stratégie de dumping social qui est pourtant un échec. Pire, la qualité de service s’est dégradée sur la majorité des réseaux de bus de grande couronne avec plus de 1 800 suppressions du lundi au vendredi. Les coûts explosent avec près de 137 millions d’euros en février 2025 », insiste Céline Malaisé.

De son côté, le RATP dit « prendre acte » de la décision à venir d’IDFM. Le groupe doit récupérer l’exploitation de 19 lignes de bus dans l’Essonne dont une partie était gérée par Keolis. L’opérateur historique rappelle que « conserver ainsi plus de 50 % des activités historiquement exploitées par la RATP et déjà réparties par Île-de-France-Mobilités depuis le début des attributions ».

En effet, en novembre dernier, IDFM avait attribué à CAP Île-de-France, filiale de l’Epic (établissement public) RATP, l’exploitation de deux lots (Bords de Marne et Boucle Nord) à travers des entreprises dédiées. Keolis avait remporté le lot Marne et Brie. L’autorité organisatrice de la mobilité pour la région Île-de-France, présidée par Valérie Pécresse, doit encore attribuer six délégations de service public.

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