Guerre en Ukraine : "La nouvelle ouverture de Poutine rebat un peu les cartes", affirme Camille Grand, ancien adjoint de l'OTAN
"La nouvelle ouverture de Poutine rebat un peu les cartes" des négociations sur la guerre en Ukraine, affirme Camille Grand, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales, ancien adjoint de l'Otan, sur France Inter, jeudi 7 août, au lendemain de la rencontre entre le président russe et l'émissaire spécial américain Steve Witkoff à Moscou. Donald Trump s'est dit "ouvert" à une possible rencontre "très bientôt" avec Vladimir Poutine.
"Donald Trump est sans doute plus méfiant qu'il ne l'était au début de cet effort de sa part pour régler le conflit, comme il dit. Donc on est dans un moment un peu suspendu où l'on va voir si cette rencontre bilatérale va déboucher sur quelque chose", explique Camille Grand. Le président américain n'a pas officiellement levé son ultimatum qui expire dans deux jours et qui menace la Russie de sanctions secondaires. "On est dans la logique tout à fait trumpienne de la carotte et du bâton", affirme l'ancien adjoint de l'Otan.
Un objectif militaire pour Poutine, politique pour Trump
Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France à Moscou, estime également sur France Inter que "la difficulté, c'est que Vladimir Poutine n'a pas fondamentalement changé ses objectifs de guerre", notamment "supprimer l'identité ukrainienne de diverses manières". De son côté, "Trump n'a pas du tout le même objectif, il n'a pas d'objectif de guerre, Trump a un objectif politique", poursuit-il.
Le président américain souhaite "obtenir une trêve de trente jours mais qui, contrairement à tous les cessez-le-feu que l'on connaît, n'aura pas été négociée par des militaires, par des techniciens, pour savoir qui occupe telle maison, telle rue, tel ou tel village et qui n'aura pas non plus de troupes neutres pour l'administrer", ajoute l'ancien diplomate.
"Ce cessez-le-feu, [Vladimir Poutine] pourra le rompre à tout moment, il ne sera pas surveillé et il dira évidemment que les obus viennent de l'autre côté et que c'est l'Ukraine qui l'a rompu."
Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de Francefranceinfo
Pour Annie Daubenton, ancienne correspondante de Radio France à Moscou et Kiev, également invitée de France Inter, "on est passé du flou de la guerre au flou de la diplomatie". "On marche sur des nuages en faisant croire à deux égocentrés, Trump et Poutine, qu'ils sont tous les deux, chacun à leur diapason, proches de la théorie de la victoire, poursuit-elle. Ils veulent tous les deux la victoire, mais Poutine veut la victoire sur le terrain et Trump la victoire médiatique, or ça, il la remporte toujours."