"Il n'y a rien à célébrer quand les otages sont encore à Gaza", déplorent leurs familles en Israël, le jour de la Pâque juive
En Israël, c'est le début lundi 22 avril de la fête de Pessah, la Pâque juive, qui célèbre l'Exode du peuple juif d'Égypte. En temps normal, cette période est synonyme de fête, de joie et de grandes retrouvailles en famille dans le pays. Mais après l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, le cœur n'y est pas vraiment, 129 otages sont officiellement toujours retenus à Gaza, dont 34 présumés morts. Leurs familles ont lancé un appel aux Israéliens et leur demandent de laisser une chaise vide lundi soir lors du repas traditionnel de Séder pour ne pas les oublier.
De grandes retrouvailles en famille, voilà à quoi ressemblent les fêtes de Pessah en temps normal chez les Cohen, à Tel-Aviv. Yotam, le fils aîné, fait défiler les photos sur son téléphone. “C’est toute la famille deux ans avant, décrit-il. Moi, Nimrod, ma sœur, mes parents. On avait mis nos tenues de fête, on s'amusait. On ne prendra pas cette photo cette année malheureusement."

Mais cette année, pas de célébration, son petit frère Nimrod, 19 ans, est toujours otage à Gaza. "Pessah est un jour qui symbolise la liberté. Comment pourrais-je célébrer la liberté quand mon frère est encore retenu ?, ajoute-t-il. C'est absurde."
Le dîner en famille, une épreuve de plus
Sharone Lifschitz, elle, ne sait pas si son père Oded, âgé de 83 ans, est encore en vie mais elle a décidé de rejoindre les membres de son kibboutz de Nir Oz pour un grand dîner lundi soir tous ensemble, une épreuve de plus en réalité. "C'est tellement bouleversant, parce que dans les moments où on se retrouve tous ensemble, leur absence est criante, confie-t-il. On a perdu tellement de gens et beaucoup ne viendront pas parce que c'est trop dur à supporter."
"C'est une situation impossible, parce que lorsqu'on se rencontre, on est vraiment confrontés au traumatisme. Il se reflète dans les yeux de chacun."
Sharone Lifschitz, dont le père est retenu en otageà franceinfo
Le soir de Pessah, il y a un chant traditionnel qu'on entonne en famille. "Qu'est-ce qui est différent cette nuit par rapport aux autres ? Pour nous, rien n'a changé. Pour moi, on est toujours la nuit du 7-Octobre, soupire Yotam. Il n'y a rien à célébrer quand les otages sont encore à Gaza." Au lieu de fêter Pessah, Yotam ira manifester lundi soir pour réclamer un accord de libération pour son frère et tous les autres otages.