Réforme de l'assurance-chômage : "C'est exactement pour cela que Gabriel Attal a été choisi", rappelle un proche d'Emmanuel Macron

Fin du suspense sur l'assurance chômage : le gouvernement reprend la main et fixera lui-même de nouvelles règles d'indemnisation pour les demandeurs d'emploi, qui devraient être plus restrictives, à partir du 1er juillet. Le gouvernement justifie cette décision par l'échec, début avril, des négociations entre patronat et syndicats sur la vie au travail et l'emploi des seniors. Il "regrette ce désaccord et en prend acte", selon un communiqué du ministère du Travail, quand la ministre parle d'un "crève-cœur".

Le gouvernement, qui veut durcir les règles d'indemnisation pour inciter à la reprise d'activité, n'a pas encore précisé ce qui allait changer, mais il a d'ores et déjà arrêté la méthode. "C'est exactement pour cela qu'il a été choisi", rappelle un proche d'Emmanuel Macron : incarner ce qu'à l'Elysée, on appelle la "parole performative". En clair, ce que le Premier ministre dit, il le fait. Gabriel Attal en bras armé d'un Président décidé à "agir jusqu'au dernier quart d'heure", répète son entourage.

Réhabilitation de la valeur travail

À trois jours du verdict des agences de notation financières, le gouvernement lance donc un nouveau signal de sa volonté de réforme. Et à un mois et demi des élections européennes, Gabriel Attal met en œuvre ce qu'il juge être, pour un Premier ministre, la meilleure manière d'aider la candidate macroniste : s'occuper des problèmes des Français. Et il le répète à l'envi : l'une des clés, c'est la réhabilitation de la valeur travail, au-delà de la nécessité de combler le déficit. 

La majorité tique, un an à peine après la précédente réforme, "bien au-delà de ce qu'on appelle l'aile gauche", précise une figure de l'Assemblée. Le sujet a été "mal lancé", regrette un député en vue : dans l'opinion, le tour de vis est associé à une volonté de faire des économies, quand l'exécutif veut en faire un marqueur de sa capacité à "faire bouger le système" pour atteindre le plein-emploi. "Il se construit une image de droite parce qu'il pense que c'est là qu'il y a un espace politique", regrette un ancien camarade. Attention, avertit l'une de ses ministres : la morosité ambiante conduit les Français à se percevoir davantage comme des chômeurs en sursis, et cela peut avoir un coût politique.

Pour déminer la situation, le ministère du Travail jure main sur le cœur que "rien n'est décidé, rien n'est acté, la page est blanche", que les syndicats vont être de nouveau consultés, mais confirme que, oui, les règles vont bel et bien changer. L'exécutif prendra "un décret de carence" d'ici au 30 juin qui aura "pour objectif de concourir à l'atteinte du plein-emploi et de favoriser le retour rapide en emploi des chômeurs indemnisés".

Comme en 2019, patronat et syndicats perdent à nouveau la main sur la définition de ces règles au profit de l'exécutif. Les actuelles règles de l'assurance chômage expiraient en principe fin 2023, mais avaient été prolongées par un "décret de jointure" jusqu'au 30 juin. "Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage", s'est indignée dans un communiqué FO, pour qui le gouvernement "prétexte" de l'échec des négociations sur l'emploi des seniors pour reprendre la main sur l'assurance chômage.