Jean-Louis Debré aimait dire que la politique était un métier du spectacle. Après avoir incarné le pouvoir dans les plus hautes sphères politiques en tant que ministre de l’Intérieur, président de l’Assemblée nationale et président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, décédé mardi 4 mars à l’âge de 80 ans, s’est lancé sur les planches durant les dernières années de sa vie. Un nouveau moyen d’expression, avec l’écriture d’essais et de romans, pour partager ses convictions.
En septembre 2021, Jean-Louis Debré est pour la première fois de sa vie à l’affiche d’un théâtre. Celui de la Gaité-Montparnasse à Paris. Il partage la scène avec sa compagne Valérie Bochenek dans Ces femmes qui ont réveillé la France, inspiré de leur livre éponyme sorti en 2013. Jean-Louis Debré aurait pu, à l’image d’Éric Dupond-Moretti, faire de son parcours politique une matière théâtrale. Mais il a préféré un autre chemin : celui de l’engagement à travers l’histoire des femmes.
Sur scène, le duo propose un voyage historique à travers les portraits d’un certain nombre de figures emblématiques de la lutte des femmes pour leurs droits. Parmi elles, on croise Georges Sand, Olympe de Gouges, Marie Curie, Simone Veil mais aussi la première bachelière Julie-Victoire Daubié, Jeanne Chauvin, la première avocate ou encore Madeleine Brès, la première femme médecin.
Un passionné d’écriture
Sa reconversion artistique n’est pas le fruit du hasard. L’homme politique a toujours été passionné par l’écriture. Durant sa carrière, il publie une vingtaine d’essais et une dizaine de romans. Son intérêt pour le théâtre, s’est lui intensifié après la fin de ses fonctions publiques. En la quittant en mars 2016, « je ne voulais plus remonter sur des estrades. J’aime écrire des romans policiers. Mais j’aime aussi les défis. Et Valérie m’a convaincu de poursuivre notre action sur scène », explique-t-il.
« Si l’on vante les mérites de ce duo, c’est qu’en plus d’être drôle, impertinente, émouvante, la galerie de portraits qui compose ces personnalités qui ont réveillé la France nous apprend la malédiction d’être née femme à travers l’histoire du XIXe et du XXe siècles », écrit la journaliste Julie Malaure dans une brève critique publiée dans Le Point en 2021. Le succès critique du spectacle permet au duo d’enchaîner les représentations jusqu’en 2024. En Janvier 2025, l’ancien homme politique a été contraint d’annuler sa représentation, prévue le 11 mars à Libourne (Gironde), pour des raisons de santé.