L’artiste JR refait la façade du Duomo de Naples et s’attire les foudres d’édiles locaux
L’art contemporain peut-il toujours s’inviter sur les murs des monuments historiques ? Le street-artiste français JR a dévoilé le 21 mai 2025 une œuvre monumentale sur la façade du Duomo di Santa Maria Assunta (cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption) à Naples. Intitulée Les Chroniques de Naples, cette installation présente 606 portraits en noir et blanc de Napolitains. Si l’œuvre entend célébrer l’âme populaire de la ville, elle a aussi provoqué une vive contestation chez les défenseurs du patrimoine.
En septembre 2024, JR et son équipe avaient installé un fond vert dans sept quartiers de Naples, invitant les passants à se faire photographier, rapporte le quotidien italien La Repubblica . Des pizzaiolos, pompiers, prêtres, écrivains, touristes et habitants ont ainsi été immortalisés. Ces portraits, une fois rassemblés, sont censés offrir, selon leur auteur, une représentation démocratique et authentique de la population napolitaine.
Mais à peine l’œuvre dévoilée, une réprobation s’est fait entendre. Certains élus locaux ont exprimé leur désaccord, estimant que l’installation « défigurait » la façade historique du Duomo. Une manifestation a même eu lieu mercredi devant la cathédrale, comme le rapporte le journal Corriere della Sera, avec comme slogan : « Assez du napolicide ».
« Une galerie déformante de stéréotypes »
Les élus locaux, présents lors de la manifestation, estiment que la fresque « immortalise le pire de Naples, une galerie déformante de stéréotypes, de dégradation et de folklore exagéré ». Pour eux, la cathédrale, haut lieu du patrimoine napolitain, ne saurait servir de toile à une œuvre qu’ils perçoivent comme dégradante. JR, quant à lui, affirme que son intention est de célébrer la communauté et de briser les stéréotypes associés à Naples.
En plus de l’installation sur la cathédrale, l’exposition Qui es-tu, Naples ? est présentée à la Gallerie d’Italia de Naples du 22 mai au 5 octobre 2025. Elle raconte les coulisses du projet, tout en présentant trois autres peintures murales de la série Chroniques , réalisées en France (Chroniques de Clichy-Montfermeil), à Cuba (Las Crónicas de Cuba) et aux États-Unis (The Gun Chronicles : A Story of America).